G20, à quoi ont servi les derniers sommets?
GOUVERNANCE•Retour sur les quatre derniers G20...Thibaut Schepman
Les dirigeants des grands pays développés et émergents se sont réunis quatre fois depuis le début de la crise économique. Pour des résultats inégaux.
Washington: sauve qui peut
En novembre 2008, le G20 tient sa première réunion à Washington pour tenter de faire face à la crise économique qui démarre. Les pays s’accordent à sortir ensemble le porte-monnaie à hauteur de 2% de leur PIB (Produit intérieur brut). On prend aussi des accords de principe pour une réforme du système financier international, par exemple en demandant «à moyen terme» des «mesures pour protéger le système financier mondial » des paradis fiscaux.
Londres: la tension monte
En avril, les grands dirigeants continuent à sortir les billets. Plus de 1.100 milliards de dollars sont débloqués pour alimenter les fonds du FMI (Fonds monétaire international) destinés aux pays en crise. Mais des tensions commencent à poindre à l’intérieur et à l’extérieur du forum. Ainsi, un jeune homme meurt après un malaise au sein d’un cordon de policiers. Européens et Américains s’écharpent: les premiers souhaitent une réforme du système financier, pas les second. Fustigeant «un capitalisme financier sans principe morale», Nicolas Sarkozy menace même de claquer la porte si le sommet n'aboutissait qu'à un «faux compromis». Mais peu de décisions seront prises: aucun «gendarme» transnational n’est institué, on n’évoque pas les fluctuations des devises ni les déséquilibres mondiaux comme la faiblesse des dépenses des ménages chinois contrairement au surendettement américain. A la suite de la réunion, l’OCDE publie tout de même une liste noire des paradis fiscaux. Une avancée… même s’il sera très facile pour les pays incriminés de sortir de la liste.
Pittsburgh: le temps du conflit
De ce G20 de septembre 2009, on retiendra surtout les nouveaux heurts entre la police et les manifestants et le rôle accru des grands pays émergents dans les négociations. Les dirigeants du G20 se sont seulement engagés sur le principe à «agir ensemble» pour relever les normes bancaires en termes de fonds propres, mettre en œuvre des normes internationales strictes en matière de rémunérations afin d'assurer que les grandes sociétés multinationales assument la responsabilité des risques qu'elles prennent. Du côté des décisions concrètes, ils ont accru le rôle du FMI dans la gouvernance économique mondiale, en augmentant ses pouvoirs de surveillance et de coordination des politiques économiques nationales. Et les bonus seront bien régulés dans le milieu de la finance, mais selon des règles très larges.
Toronto: cigales et fourmis
Après avoir beaucoup déboursé pour relancer l’activité, les pays du G20 peinent à trouver des solutions communes contre les faiblesses de la reprise économique mondiale. Entre ceux qui souhaitent poursuivre les dépenses, et ceux qui veulent s’attaquer aux déficits, le consensus est impossible à trouver. Seule avancée de cette réunion : l’engagement -non contraignant- est pris de réduire de moitié les déficits d'ici à 2013 et de diminuer la dette publique rapportée au Produit intérieur brut (PIB) avant 2016. Et on avance, sur le principe là encore, sur le renforcement des normes de fonds propres imposées aux banques pour éviter qu’elles ne fassent faillite. Mais la question est reportée au prochain G20 qui commence ce jeudi à Séoul.