La guerre des monnaies fait craindre un retour du protectionnisme
ECONOMIE•Les gouvernements pourraient prendre des mesures de rétorsion...E.M.
La guerre des monnaies s’envenime. De la Chine, aux Etats-Unis, en passant par l’Europe, la Corée du sud ou le Japon, chaque gouvernement y va de sa petite phrase pour critiquer l’action du voisin.
Car certains sont soupçonnés d’affaiblir leur devise pour relancer leur économie. Avec le risque d’un regain du protectionnisme qui pèserait sur la reprise internationale.
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Polémique fait rage
Depuis quelques semaines, la polémique autour des taux de change fait rage. En cette période de reprise, plusieurs pays veulent relancer leurs exportations pour doper leur croissance.
Le meilleur moyen pour cela est d’avoir une monnaie faible car les produits coûtent moins chers. Le Japon et le Brésil ont ainsi pris des mesures pour limiter la hausse de leur devise. La Chine, de son côté, continue à refuser de réévaluer son yuan. Quant aux Etats-Unis, ils ne semblent pas presser de combattre la chute du dollar.
Victimes de la bataille
Première victime de cette bataille: l’Europe. Face à la faiblesse des autres devises, l’euro grimpe à toute vitesse. La monnaie unique a dépassé les 1,41 dollar, soit son niveau le plus élevé depuis fin janvier.
Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, s'est aussi dit vendredi «très inquiet» de la vigueur du yen.
Rien ne va plus également entre les Etats-Unis et la Chine. Le secrétaire américain du Trésor Timothy Geithner a accusé Pékin la semaine dernière d'intervenir «très massivement» sur sa monnaie.
Guerre sino-américaine
Un projet de loi de la Chambre des représentants prévoit même des sanctions commerciales si ces manipulations sur le yuan sont avérées.
La Chine a rejeté en bloc ces accusations. «Le taux de change du yuan ne doit pas être le bouc émissaire des problèmes intérieurs américains», a déclaré vendredi le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Yao Jian.
Guerre commerciale
Cette situation explosive fait cependant craindre le retour de mesures protectionnistes. «Le danger est que les reproches de sous-évaluation de la monnaie conduisent à des mesures de rétorsion qui se muent en guerre commerciale», a ainsi expliqué mardi ministre allemand de l'Economie Rainer Brüderle lors d’un voyage en Chine.
La Corée du sud fera donc des taux de change le cœur du prochain G20 à Séoul en novembre. Le sommet «fixera des règles fermes pour éviter de telles perturbations du commerce», a déclaré vendredi le ministre coréen Yoon Jeung-Hyun.
Pas sûr cependant que les pays réussissent à se mettre d’accord.