ECONOMIEFaut-il craindre une guerre des monnaies?

Faut-il craindre une guerre des monnaies?

ECONOMIEPlusieurs pays veulent doper leurs exportations avec une monnaie faible...
Elsa Meyer

Elsa Meyer

Non, il ne s’agit pas du titre d’un nouveau film de science-fiction sur un scénario catastrophe dans le monde de la finance. La guerre des monnaies est bien en train de s’organiser.

Le président du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a indiqué ce jeudi prendre «très au sérieux la menace», dans un entretien au journal Le Monde.

Devises basses

Depuis quelques semaines, les échanges sont virulents sur la question des taux de change. «En cette période de reprise, les ménages et les entreprises se désendettent, ce qui pèse sur la consommation intérieure. Chaque Etat veut donc doper ses exportations. Avoir une monnaie faible est alors un atout car leurs produits coûtent moins chers», explique à 20minutes.fr Mathilde Lemoine, chef économiste à HSBC France.

Pour affaiblir leur monnaie, les gouvernements ont deux solutions: diminuer leur taux directeur ou faire tourner la planche à billets.

Yen, yuan, dollar

Le Japon a dégainé le premier. Il a abaissé mardi de façon inattendue son taux directeur. Le Brésil a aussi pris des mesures pour limiter la hausse du real.

La Chine, de son côté, continue à refuser de réévaluer son yuan. Quant aux Etats-Unis, ils ne semblent pas presser de combattre la chute du dollar.

L’euro pénalisé

Une situation qui agace l’Union européenne. Car face à la faiblesse des autres devises, l’euro grimpe à toute vitesse. La monnaie unique est montée mercredi au-dessus de 1,40 dollar pour la première fois depuis huit mois.

L'Europe a ainsi l’impression d’être le grand perdant de ce combat. La Commission européenne s'est inquiétée jeudi de l'impact de l'euro fort sur la croissance. Elle a demandé mercredi au Premier ministre chinois Wen Jiabao d'agir en faveur de la réévaluation du yuan. Ce dernier a sèchement refusé.

Risques économiques

Mais cette guerre des monnaies risque de mettre à mal une reprise économique déjà fragile. «Elle provoque une instabilité mondiale et de l’incertitude, ce qui n’est jamais bon. Elle favorise en outre l’inflation, et donc l’endettement de certains Etats».

L’assainissement des finances publiques est pourtant l’un des enjeux majeurs pour faire repartir l’activité, selon le FMI.

Ce dernier compte d’ailleurs faire des propositions pour éviter que le conflit sur les taux de change ne s’envenime. Il reçoit à partir de jeudi les ministres des Finances de ses 187 pays membres à Washington. Le prochain sommet du G20 en novembre à Séoul abordera également cette délicate question, a déclaré jeudi le président sud-coréen.