La crise? Le monde de la bande dessinée ne semble pas connaître avec 4.746 titres édités, un chiffre en hausse de 10% selon le bilan annuel de l'Association des critiques de bande dessinée (ACBD). Un chiffre qui fait de la BD l'un des secteurs les plus dynamiques de l'édition française, dont elle représente 6,5% du chiffre d'affaires global.

Multiplication des titres certes, mais tirage moyen en baisse et stagnation du chiffre d'affaires autour de 320 millions d'euros, tempère l'ACBD. Dans un marché mature, les éditeurs français "multiplient les titres vers des cibles chaque fois plus diversifiées, chaque fois plus précises, ce qui est rendu possible par la baisse des coûts de fabrication", analyse Gilles Ratier, secrétaire général de l'ACBD. Les éditeurs cherchent aussi à améliorer leur rentabilité "par un repackaging systématique des fonds (intégrales, nouvelles éditions…) et le développement des produits dérivés", poursuit Gilles Ratier.

Et puis, "l'écart se creuse toujours entre les best-sellers et le peloton des ventes moyennes", observe Gilles Ratier. Les séries vedettes, lancées à grand renfort de campagne marketing, réalisent les plus gros tirages: 1,8 million d'exemplaires pour le nouveau Titeuf (Glénat), 600.000 pour la suite des aventures de "Blake et Mortimer" (Ed Blake et Mortimer). Et 95 séries de BD traditionnelle, de Lucky Luke à Largo Winch, en passant par Le Chat, tirées à plus de 50.000 exemplaires, réalisent le gros du chiffre d'affaire du secteur.

Idem au rayon manga, où neuf séries assurent plus de la moitié des ventes, alors qu'un album sur trois vendu en France est d'origine asiatique. Sur 1.856 bandes dessinées étrangères ont en effet été traduites en 2008 (+3,86%) et un album sur trois.

Même fossé entre grands éditeurs et petites maisons d'édition. Ainsi, 15 groupes dominent le marché avec 70% des titres, 250 autres maisons d'édition se partageant les 30% restants. Avec 627 titres publiés, le groupe Média participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard...) a été le plus productif en 2008. Il se positionne même à la cinquième place du marché du livre tous genres confondus. Viennent ensuite les éditions Delcourt avec 479 titres et le groupe Glénat (380).

Petits et grands éditeurs attendent cependant les chiffres des ventes de Noël pour juger l'année -la moitié du chiffre d'affaires est réalisée sur les quatre derniers mois. Gilles Ratier reste optimiste: "avec la crise, les consommateurs reportent les gros achats. La BD, elle, reste moins chère qu'un disque et demeure l'un des cadeaux préférés des Français".