La "Pierre de Rosette" bien partie en Bourse

La "Pierre de Rosette" bien partie en Bourse

Rosetta Stone, nom emprunté à l'histoire et repris par une entreprise d'enseignement linguistique, a reçu un bel accueil à Wall Street.
Julien Beauvieux

Julien Beauvieux

La Bourse de New York a connu son premier véritable succès de l'année avec l'introduction en Bourse mercredi 15 avril de Rosetta Stone. Les investisseurs se sont arraché les titres de cette société spécialisée dans l'enseignement des langues.

Le prix proposé aux investisseurs se situait entre 15 et 17 dollars par action. Mais face à la demande, la société va pouvoir écouler ses 6,25 millions d'actions au prix unitaire de 18 dollars. A l'issue de l'opération, les deux principaux actionnaires de Rosetta Stone, ABS Capital Partners et Norwest Equity Partners, ne détiendront plus que respectivement 28% et 18% du capital, contre 44% et 29% antérieurement.

Il faut remonter à mai 2008, avec l'introduction en Bourse de la société industrielle Colfax, pour retrouver une mise en Bourse où la demande de titres est supérieure à l'offre. C'est la troisième mise en Bourse réalisée en avril sur la place new-yorkaise, après celle de la société de jeux en ligne chinoise Changyou.com et le groupe de services éducatifs Bridgepoint Education.

Bouclé le 14 avril, l'appel au marché de Bridgepoint Education n'a pas rencontré le même succès que Rosetta Stone. Pour placer son papier, Bridgepoint a du réduire de 30% ses prétentions. Ses titres ont été achetés à 10,50 dollars, pour une fourchette initiale de 14 à 16 dollars. "Le secteur éducatif a souffert assez significativement ces derniers mois", a expliqué à Bloomberg Francis Gaskins, président d'IPODesktop.com.

Dans le sillage du rebond des places financières mondiales, il semble que les investisseurs recommencent à prendre goût au risque et à faire des paris sur l'avenir, même s'il faut apparemment leur vendre des histoires uniques. Pour les entreprises, à l'image de Rosetta Stone, il s'agit d'un bol d'air dans un contexte de raréfaction du crédit.

L'institut de langues va récolter 112,5 millions de dollars, l'équivalent de plus de 6 mois de chiffre d'affaires. Le succès de son appel au marché tient notamment à des performances très solides.

Rosetta Stone vu son bénéfice quintupler l'an dernier, à 13,9 millions de dollars, pour un chiffre d'affaires de 209,4 millions, en hausse de 52%. Facteur de soutien de la demande, l'apprentissage des langues apparaît pour beaucoup comme un plus professionnel et une protection contre le chômage dans un contexte de crise.

L'autre facteur de succès tient au manque de "concurrence" sur les marchés boursiers américains. Le Wall Street Institute appartient au fonds d'investissement Carlyle. Berlitz appartient au groupe japonais Benesse Corporation. Le succès rencontré par Rosetta Stone pourrait le donner l'idée d'ouvrir leur capital, si du moins la santé des Bourses mondiales le permet.