Les « meme coins », des crypto-actifs qui surfent sur le buzz
Argent•Partant souvent d’une plaisanterie, les « meme coins », ces tokens à l’effigie d’une personnalité ou encore d’un gif populaire, n’en sont pas moins des produits financiers qui peuvent entraîner de sérieuses pertes financières pour ceux qui investissent sans précautions. DécryptageJulie Polizzi pour 20 Minutes
Les crypto-actifs – souvent appelés cryptomonnaies par abus de langage – ont aujourd’hui inondé le web. On en compte plusieurs dizaines de milliers en ligne ! Sans faire intervenir aucune banque ni institution, ces actifs numériques utilisent le seul réseau informatique et souvent une immense puissance de calcul pour effectuer des transactions grâce à un protocole complexe (une blockchain). Or, parmi ces innombrables actifs cryptés, les « meme coins » ont tout récemment bénéficié d’un gros coup de projecteur sous l’impulsion de Donald Trump. Alors que de nombreux internautes sont tentés d’investir, on remet les points sur les « i » sur ces produits mal identifiés.
De quoi parle-t-on ?
D’un point de vue purement informatique, les « meme coins » ne sont pas différents des autres crypto-actifs. « Ils peuvent s’appuyer sur une blockchain existante, comme Ethereum, l’une des plus connues, ou avoir leur propre blockchain », nous explique Maximilien Coussin, économiste pour La Finance pour tous, une association de pédagogie financière soutenue par les institutions. D’ailleurs, alors que la plupart des actifs numériques tentent de se démarquer par une plus-value technologique, dans la façon de créer les pièces ou de les distribuer, ce n’est pas l’enjeu des « meme coins ». Ici, il s’agit essentiellement de buzz !
« La particularité de ces crypto-actifs, c’est qu’ils fondent leur réputation et leur valeur sur un mème, c’est-à-dire un élément culturel, venant en général d’internet, qui a pour faculté d’être reproduit et transmis en provoquant un effet de buzz. Cela peut être une image, un son, une vidéo, etc., qui est donc utilisé pour le nom et le logo du meme coin. C’est très marketing », précise l’économiste. On pense par exemple au « nyan cat », un gif de chat volant très populaire apparu en 2011, ou au « doge », ce chien souriant qui a servi à créer le « dogecoin » en 2013. Mais si les traits d’humour servent souvent de référence, des personnalités ont aussi parrainé des « meme coins », comme Snoop Dogg, Caitlyn Jenner ou tout récemment Donald et Melania Trump… Sans compter les innombrables crypto-actifs qui se servent de l’image de stars sans leur demander leur avis !
De la pure spéculation
Mais alors sur quoi repose ce marché ? La réponse est claire : il s’agit de pure spéculation ! Pour Maximilien Coussin : « Il faut voir les meme coins comme un pari très risqué qui consiste à anticiper l’engouement provoqué chez les gens. » L’objectif est en effet d’acheter quand les prix sont bas en espérant que beaucoup de monde va faire la même chose, pour pouvoir revendre avec une plus-value en plein buzz. Sauf qu’aucun élément tangible ne permet d’effectuer de telles prévisions…
De fait, la plupart des actifs numériques ne reposent sur aucune valeur établie, contrairement à une action qui s’appuie sur les performances d’une entreprise.
Néanmoins, la plus-value technologique constitue une assise plus solide dans le cas de grands cryptos-actifs comme le bitcoin, alors que l’aspect aléatoire du buzz est poussé à son paroxysme pour un « meme coin ». En somme, c’est comme jouer à la roulette russe !
Là où les frontières se brouillent, c’est lorsque la politique s’en mêle. En effet, beaucoup d’internautes achètent par exemple le « dogecoin » parce qu’Elon Musk milite farouchement pour son utilisation comme moyen de paiement classique. Une probabilité impossible à déterminer mais qui donnerait alors une véritable assise à ce crypto et donc une valeur réelle…