on a tout donné sur ce papierLe don d’organes, comment ça marche ?

Le don d’organes, comment ça marche ?

on a tout donné sur ce papierSauvant des milliers de vies chaque année, le don d’organes est malheureusement un sujet nébuleux pour beaucoup de Français
Souvent mal informés, les potentiels donneurs ne communiquent pas suffisamment avec leur entourage, ce qui peut mettre les proches dans l’embarras et surtout empêcher bon nombre de greffes.
Souvent mal informés, les potentiels donneurs ne communiquent pas suffisamment avec leur entourage, ce qui peut mettre les proches dans l’embarras et surtout empêcher bon nombre de greffes. - iStock / City Presse
M.K pour 20 Minutes

M.K pour 20 Minutes

Mal connu, souffrant de nombreuses idées reçues et pourtant nécessaire à la survie de milliers de personnes chaque année, le don d’organes est un acte de solidarité qui peut sauver des vies. Si, selon un sondage Harris Interactive datant de 2016, 80 % des Français y sont favorables, il n’empêche que deux à trois personnes décèdent chaque jour faute d’organe disponible. Ce paradoxe s’explique par le fait que bon nombre de potentiels donneurs n’ont pas informé leur entourage de leur décision. Pourquoi est-ce important de se positionner ? Comment fonctionne le don d’organes ? Voici quelques éléments de réponse…

En parler avec ses proches

Saviez-vous que chaque jour en France 15 personnes bénéficient d’un don d’organe et qu’un seul donneur peut sauver jusqu’à sept vies ? Rien qu’en 2023, 5.634 greffes ont pu être réalisées dans l’Hexagone. Hélas, au 1er janvier 2024, 21.866 patients étaient inscrits sur la liste nationale d’attente pour une greffe selon l’Agence de la biomédecine…
Étant donné les délais d’attente, on comprend aisément pourquoi il est primordial d’informer ses proches sur son souhait de donner ou non ses organes après son décès. En effet, les équipes médicales sont dans l’obligation de consulter l’entourage pour connaître les vœux de la personne décédée. Or, d’après l’Agence de la biomédecine, dans le doute, lorsque le sujet n’a pas été abordé, la famille s’oppose au don par prudence, ce qui revient à empêcher un prélèvement sur trois. En parler de son vivant, c’est donc aussi soulager ses proches.

Que dit la loi ?

C’est la loi Cavaillet de 1976 et le décret du 11 août 2016 qui régissent le prélèvement d’organes. Ainsi, à sa mort, chacun est présumé donneur, c’est-à-dire que si vous souhaitez faire don de vos organes ou de vos tissus, aucune démarche particulière n’est nécessaire, si ce n’est éventuellement de confirmer votre souhait à vos proches afin qu’ils puissent en informer les équipes médicales. Ce sont ensuite les médecins qui choisissent de prélever ou non en fonction de l’état de santé du défunt.
En revanche, depuis le 1er janvier 2017, si vous ne souhaitez pas donner vos organes, vous devez vous y opposer clairement en vous inscrivant sur le Registre national des refus (en ligne ou par courrier) ou en laissant un témoignage écrit ou oral à votre entourage.
Sachez également que ce don est un acte de générosité et de solidarité, il est donc entièrement gratuit et ne peut en aucun cas faire l’objet d’une rémunération ou d’une contrepartie. Enfin, il est anonyme : le nom du donneur ne peut pas être communiqué au receveur, et réciproquement. La famille du défunt peut cependant être informée des organes et tissus prélevés, ainsi que du résultat des greffes.

Les organes concernés par le don

Le don d’organes ne concerne pas tous les organes mais seulement ceux qui peuvent être greffés, en l’occurrence le cœur, les poumons, le foie, les reins et le pancréas. Il est possible de faire don d’un ou de plusieurs organes, mais aussi de tissus tels que la cornée (fine lentille transparente à l’avant de l’œil), les valves cardiaques, les vaisseaux, la couche superficielle de la peau, l’os, etc. Les dons de tissus sont particulièrement utiles chez les personnes malvoyantes qui peuvent recouvrir la vue ou chez les grands brûlés par exemple.

Gare aux idées reçues !

Si cet acte de solidarité convainc beaucoup de potentiels donneurs, de nombreuses idées reçues en freinent aussi énormément. D’abord, il n’y a pas d’âge maximum pour donner ses organes, tout dépend de l’état de santé du défunt. En 2019 par exemple, une personne de 96 ans a donné son foie, tandis que les plus de 65 ans représentent une part importante des donneurs selon l’Agence de la biomédecine.
Que les familles se rassurent aussi : le corps est toujours restitué après l’acte chirurgical. Il est bien évidemment restauré et habillé avec les effets personnels du donneur ; aucune trace de l’intervention n’est ainsi apparente. Il est également possible d’accepter et de refuser de donner certains organes et tissus. Vous pouvez tout à fait manifester votre volonté de faire don de votre rein mais pas de votre cœur…

Le don d’organes de son vivant

Certains organes peuvent être donnés de votre vivant. C’est le cas d’un rein et, plus rarement, du lobe du foie. Mais le donneur doit être majeur, en bonne santé et volontaire, c’est-à-dire non soumis à une pression, quelle qu’elle soit. Les donneurs doivent faire partie du cercle proche du receveur. Il peut s’agir de son père, sa mère, un fils, une fille, un frère ou une sœur, son conjoint, ses grands-parents, oncles ou tantes, cousins germains et cousines germaines ou encore le conjoint du père et de la mère, mais aussi une personne apportant la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans ou d’un lien affectif avec le receveur. Le donneur bénéficie d’une prise en charge financière totale de l’Assurance maladie, tant pour le bilan préopératoire, que pour le suivi médical.