Le compostage des déchets, mode d’emploi

Vous l’ignorez peut-être, mais votre poubelle renferme des trésors : les déchets organiques fermentescibles. Qu’il s’agisse de restes alimentaires ou de résidus verts issus de l’entretien du jardin, ce que l’on appelle « biodéchets » représente en effet une incroyable source de richesse pour l’environnement qu’il est tant de valoriser dans votre jardin grâce au compostage. On s’y met ?

Généralisation progressive

L’Agence de la transition écologique (Ademe) estime que 26 % de nos poubelles grises sont remplies de déchets alimentaires destinés à être incinérés, ce qui est inutilement énergivore, ou enfouis, ce qui génère du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Or, un quart seulement des ménages a accès à une solution de tri en France.
Pour impulser le changement, la loi antigaspillage du 10 février 2020 impose donc aux collectivités territoriales de mettre en place un tri à la source des biodéchets pour les particuliers depuis le 1er janvier 2024. Si l’application effective nécessite du temps, sachez qu’elle peut prendre la forme de collecte en porte à porte par les éboueurs, de points d’apport volontaire (bacs collectifs) ou encore de bacs individuels de compostage. En prévision de cette nouvelle obligation, bon nombre de municipalités ont d’ailleurs lancé des enquêtes sur les souhaits de compostage dès 2023, ainsi que des programmes de distribution de composteurs à prix modique. Renseignez-vous auprès de votre mairie.

Les clés de la réussite

Mais comment composter et pour quel résultat ? Si vous avez de la place, le compostage en tas est la solution la plus simple. Une fois que cette butte a atteint 1 à 1,5 m de haut, il suffit de la retourner et de la laisser reposer, en commençant un second tas à côté. Optez sinon pour un composteur. Ce caisson en métal ou en bois n’a pas de fond pour être en contact avec le sol en terre battue, ce qui permet aux vers de terre de circuler. En tas ou en bac, le processus de compostage prend entre 6 et 12 mois.
À défaut de jardin ou de composteur collectif (proposé par de plus en plus de copropriétés), vous pouvez choisir un lombricomposteur à placer dans votre appartement ou sur votre terrasse. Les lombrics (fournis) permettent une dégradation rapide des aliments (de 4 à 5 mois) mais sont sensibles.
Dans tous les cas, le compostage doit s’effectuer à l’ombre afin de conserver une légère humidité. De plus, comme tout écosystème, votre compost a besoin d’équilibre : 50 % de déchets humides et 50 % de déchets secs. Et si vous avez un composteur, il faudra brasser son contenu de façon périodique.

Quels biodéchets composter ?

Un compostage en bac ou en tas permet de valoriser la majorité des biodéchets. Vous pouvez y jeter sans hésiter les détritus de cuisine, tels qu’épluchures et fanes, marc de café, sachets de thé, fruits et légumes abîmés, mais aussi pain rassis et filtres en papier. Pensez encore aux mouchoirs en papier, essuie-tout, cendres de bois, sciures, copeaux, boîtes d’œufs en carton et rouleaux de papier toilette (en petits morceaux). De même, les déchets du jardin, du type tontes de gazon, feuilles mortes, tailles de haie, paille, écorces et fleurs fanées, y sont les bienvenus.
Certains autres biodéchets doivent être ajoutés avec modération. C’est le cas des branchages (fragmentés) et des coquilles d’œufs (émiettées), dont la dégradation est plus difficile ou des mauvaises herbes et végétaux malades. Enfin, les croûtes de fromage, arêtes de poisson et bouts de gras de viande doivent être limitées au maximum et placés au centre du compost, dans un puits de 20 cm que vous recouvrirez pour ne pas attirer d’animaux.
À l’inverse, le régime alimentaire des vers d’un lombricomposteur est bien plus strict. Ici, on composte uniquement les fruits et légumes abîmés – sauf poireaux, ails et oignons –, les épluchures, le thé, le café avec ou sans filtre, ainsi que journaux, papier kraft et carton brun.