Échantillons de produits, un business qui n’est pas près de disparaître

Outil marketing utilisés notamment dans le domaine des cosmétiques et de la parfumerie, les échantillons permettent de tester un produit avant de se décider à l’acheter. Glissés le plus souvent dans votre sac à la caisse ou dans votre colis livré à domicile, ils peuvent être choisis au hasard des articles en vogue de la marque ou ciblés par rapport à vos habitudes de consommation. Bémol : il n’est pas rare qu’ils finissent à la poubelle sans avoir servi et, même quand ils sont utilisés, ils représentent de toute façon une surconsommation d’emballage pour une très faible quantité de produit. Bref, ils sont devenus non grata à l’heure de la lutte contre le gaspillage et ont été tout récemment restreints par la loi.

Tester pour convaincre

S’il existe très peu de chiffres en la matière, une étude publiée en 2016 par l’institut CSA pour Mediapost Publicité révélait que 9 Français sur 10 avaient déjà découvert un produit ou une marque grâce à un échantillon, le plus souvent distribué en magasin mais également adressé par courrier, dans un colis ou encore dans les magazines. Or, le succès serait au rendez-vous puisque 85 % des sondés déclaraient avoir déjà acheté un produit après en avoir reçu un échantillon en magasin. Même constat en 2021 par la start-up anglaise Odore qui a analysé les habitudes de consommation de 20.000 internautes fanas de cosmétiques sur 12 mois et constaté que 75 % des utilisateurs qui avaient testé un produit l’avaient ensuite acheté ou étaient susceptibles de le faire.

Stop au gaspillage

Mais alors, pourquoi remettre en cause un outil marketing si efficace ? La réponse tient en un mot : gaspillage ! Ces petits sachets, pots et mini-tubes en plastique ou en verre finissent en effet le plus souvent à la poubelle sans avoir jamais été ouverts. D’après le sondage CSA de 2016, seulement 48 % des répondants utilisaient ainsi rapidement le produit offert… Et même lorsqu’elles sont effectivement testées par les consommateurs, ces mini-doses à usage unique distribuées par millions chaque année ont un impact environnemental non négligeable, raison pour laquelle certaines enseignes cosmétiques refusent déjà d’y avoir recours.
C’est pourquoi la loi antigaspillage de 2020 avait prévu d’interdire les échantillons de produits dès l’été 2022. Mais si la mesure avait bien été intégrée à l’article L541-15-10 du Code de l’environnement, il aura fallu attendre près de deux ans pour que le décret nécessaire à son application soit enfin publié le 23 avril 2024.

Une demi-mesure

En vertu de ce décret, est considéré comme un échantillon « une petite quantité de marchandise dont le conditionnement est différent du produit commercialisé et qui est cédé gratuitement aux consommateurs », en excluant les denrées alimentaires non préemballées proposées en dégustation sur place. Désormais, il est donc interdit aux professionnels « de fournir à un consommateur, sans demande de sa part, un échantillon de produit dans le cadre d’une démarche commerciale ». Cela dit, la portée effective de cette mesure semble plutôt limitée…
En effet, ce texte précise que le commerçant « peut informer les consommateurs par tout moyen que ces échantillons ne peuvent leur être remis qu’à leur demande ». De même, les sites d’e-commerce n’ont qu’à ajouter une case à cocher lors d’une commande pour proposer la fourniture d’échantillons. Seul l’automatisme de la démarche est donc finalement interdit ! Notons enfin que les échantillons contenus dans les publications de presse ne sont pas concernés par cet encadrement.