Salaires : Les Français risquent encore d’être à la peine en 2024
Argent•Si le Smic a encore augmenté en janvier, c’est loin d’être le cas de tous les salaires, au risque de provoquer un effet de tassement préjudiciable aux travailleursJulie Polizzi pour 20 Minutes
Dans bon nombre d’entreprises, le mois de janvier va de pair avec des négociations salariales. Car si le Smic (salaire minimum de croissance) a une nouvelle fois augmenté, ce n’est pas le cas de tous les salaires ! Et les travailleurs sont nombreux à ne pas trouver leur compte, comme le dévoile un récent sondage.
Des salariés en demande
En novembre, le cabinet de conseil en ressources humaines LHH dévoilait des prévisions de revalorisations salariales plutôt modestes pour ce début d’année 2024 puisqu’elles s’établissent entre 3 et 4 % selon les secteurs d’activité, en baisse par rapport aux chiffres 2023 qui atteignaient 4,75 % de hausse. Et encore, il ne s’agit évidemment là que d’estimations globales, la réalité pouvant être bien différente dans chaque entreprise…
Les travailleurs semblent d’ailleurs avoir décidé de prendre les choses en main, à en croire un sondage réalisé par Rosaly, une entreprise à impact social, puisque 55 % des participants ont prévu ou envisagent de demander une augmentation cette année. À noter que les femmes (42 %) sont ici plus téméraires que les hommes (31 %). Dans tous les cas, cette demande paraît parfaitement justifiée pour une majorité de sondés puisqu’ils sont 68 % (71 % de femmes et 65 % d’hommes) à considérer mériter davantage que leur paie actuelle. À l’inverse, 28 % estiment être rémunérés à la juste valeur de leur travail.
Un effet de tassement
Au-delà d’un simple ressenti subjectif, il y a une réalité économique : lorsque le Smic augmente plus vite que les minima de branches, on aboutit à un effet de tassement qui réduit l’écart entre le salaire minimum et les salaires supérieurs. Or, cet effet est justement très fort à l’heure actuelle.
En effet, le Smic est passé à 11,65 € brut de l’heure, soit 1.766,92 € brut mensuel au 1er janvier 2024. C’est la huitième hausse successive depuis janvier 2021. En l’espace de trois ans, ce salaire minimum a ainsi augmenté de 14,8 %, comme l’explique le site Vie-publique.fr, réalisé par la Direction de l’information légale et administrative rattachée aux services du Premier ministre. Une progression impressionnante, mais pas étonnante, puisque son montant est calculé sur la base de l’inflation.
Mais si la nouvelle a de quoi réjouir les 17,3 % de salariés du secteur privé non agricole payés au salaire minimum (soit 3,1 millions de travailleurs), les autres font pâle figure. On remarque même que le nombre de branches avec des minima sous le Smic augmente : avant la nouvelle hausse de janvier 2024, plus de 30 sur un total de 170 branches sont dans ce cas. Une situation qui impose à l’employeur de combler l’écart, sous peine d’être sanctionné puisqu’il est illégal de payer un employé en dessous de ce salaire.