En mal d’informations, trop de jeunes peinent à faire valoir leurs droits
Argent•Alors que 26 % des 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté, le baromètre du réseau Info jeunes France révèle que 61 % des 14-29 ans ne bénéficient pas de la totalité de leurs droits sociauxJulie Polizzi pour 20 Minutes
Les plus jeunes ne sont pas épargnés par la précarité, bien au contraire. Plusieurs études récentes mettent en avant leurs difficultés. Début 2023, une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) estimait que 26 % des 18-24 ans, soit tout de même 140.000 jeunes, vivent sous le seuil de pauvreté en France. De son côté, l’observatoire des inégalités estime dans son rapport 2023 que le taux de pauvreté des 18-29 ans n’a cessé de croître, passant de 8,4 % à 12,3 % entre 2004 et 2019. Afin de soutenir ce public fragile, l’État a pourtant mis en place de multiples dispositifs d’aide, mais encore faut-il que l’information arrive jusqu’aux principaux intéressés…
Une aide méconnue
S’il existe aujourd’hui de nombreux moyens de se renseigner, un réseau national est justement chargé d’informer la jeunesse dans tous les domaines qui la concernent : Info Jeunes France. Créé en 2008, il regroupe aujourd’hui quelque 2.500 professionnels, 1.100 structures locales labellisées, 17 Centres régionaux information jeunesse (CRIJ) et accueille 3 millions de jeunes par an en quête de renseignements ou d’un accompagnement. Pour autant, il reste encore trop méconnu, comme le démontre son baromètre 2023 publié en fin d’année.
Ainsi, 28 % seulement des 1.000 jeunes de 14 à 29 ans interrogés connaissent ce réseau, tandis que 14 % (principalement des jeunes ruraux) déclarent l’utiliser. Ce qui est bien dommage quand on sait que 63 % de ceux qui ont fait appel à Info Jeunes France estiment que cela les a aidés dans leurs recherches d’informations !
« Notre maillage territorial est important mais sans doute pas encore assez suffisant. Et puis, ce n’est pas si évident d’entrer dans une structure d’accueil. C’est pourquoi nos professionnels pratiquent “l’Aller vers” avec, par exemple, des structures IJ mobiles, ou encore une forte présence sur les réseaux sociaux », explique Francine Labadie, politiste et membre du conseil d’administration d’Info Jeunes France.
Des enjeux considérables
Les enjeux de l’accès à l’information pour les jeunes sont en effet essentiels, comme le souligne ce baromètre qui dévoile un impressionnant taux de non-recours aux dispositifs publics. Ainsi, 61 % des 14-29 ans interrogés ne bénéficient pas de la totalité de leurs droits sociaux, dans une notion ici très large puisqu’elle renvoie à l’ensemble de l’offre publique destinée à la jeunesse, depuis la prime d’activité aux aides au logement, en passant par l’aide au permis de conduire, les contrats d’insertion ou encore la pilule contraceptive et certains préservatifs remboursés à 100 % par l’Assurance maladie. « Les dispositifs dédiés aux jeunes sont innombrables et ça en devient illisible pour les jeunes », déplore Francine Labadie.
Parmi les multiples raisons identifiées de non-recours, 51 % des sondés citent d’abord le manque d’information sur leurs droits, tandis que 45 % ne les font pas valoir parce qu’ils sont découragés face aux démarches à accomplir. En outre, 39 % déclarent que l’aide ne leur a pas été proposée.
Dans un contexte de précarisation d’une grande partie de la jeunesse, il est donc urgent de progresser à tous les niveaux, tant dans la communication axée vers le public jeune, que dans la responsabilisation des professionnels chargés de les accompagner, afin de favoriser un meilleur accès aux droits et de réduire les inégalités.