Sous ses ordres, le groupe est devenu un empire. L’ancien PDG du groupe Total Thierry Desmarest est mort à l’âge de 78 ans, a fait savoir son entourage. D’après Le Monde, celui qui était père de trois enfants souffrait de la maladie d’Alzheimer depuis une dizaine d’années. Entré chez Total en 1981, il avait gravi les échelons jusqu’à en prendre la direction en 1995. Il y restera jusqu’en 2010 marquant à jamais son empreinte dans l’histoire de la société pétrolière, tant pour ses brillantes réussites que pour les catastrophes comme le naufrage de l’Erika en 1999 ou l’explosion de l’usine AZF en 2001 à Toulouse.

Mercredi, le nouveau patron de TotalEnergies a préféré saluer la mémoire de son prédécesseur, décédé à l’âge de 78 ans. « En réunissant Total, Fina et Elf, il est l’homme qui a bâti et fait de notre entreprise un groupe de taille mondiale dans le top 5 des majors », a réagi Patrick Pouyanné. « Nous ne nous serions pas ce que nous sommes sans sa vision et son esprit stratège. Merci cher président, merci Thierry », a ajouté le dirigeant.

Souvent qualifié de fin stratège, Thierry Desmarest a aussi subi de lourdes critiques, notamment pour sa gestion calamiteuse de l’affaire Erika. Le 12 décembre 1999, le pétrolier battant pavillon maltais s’était échoué au large des côtes bretonnes, souillant 400 km de côtes françaises. Affréteur du navire, la société Total est en première ligne mais son dirigeant ne semble pas ému par ce qui restera comme l’une des pires catastrophes environnementales du siècle dernier. Perçu comme réagissant en froid technocrate face à l’émotion liée à la pollution des côtes bretonnes et vendéennes, Thierry Desmarest minimise la responsabilité de TotalFina et ne se rend pas sur place. Il avait reconnu ensuite avoir « sous-estimé au départ » l’ampleur de la marée noire. Son groupe avait été définitivement condamné en 2012 par la cour de cassation à l’amende maximale de 375.000 euros et à verser plus de 200 millions d’euros de dommages et intérêts.

Une trentaine de morts à Toulouse en 2001

Deux ans plus tard, il s’était rendu à Toulouse le jour même de l’explosion dans l’usine chimique AZF, propriété d’une filiale de Total. Il avait mis en place cellule de crise et numéros verts, alors que l’accident a fait une trentaine de morts et des milliers de blessés.

Né le 18 décembre 1945 à Paris, Thierry Desmarest était fils d’un magistrat de la Cour des comptes. Depuis 2010, il était président d’honneur de Total, devenu TotalEnergies en 2021, après avoir cédé la présidence à Christophe de Margerie qui avait déjà hérité de la direction générale en 2007. Thierry Desmarest avait brièvement assuré l’intérim après la mort de Christophe de Margerie en 2014 dans un accident d’avion en Russie. C’est Patrick Pouyanné, actuel PDG de TotalEnergies, qui avait pris sa suite. Thierry Desmarest a par ailleurs été administrateur d’Air Liquide, Bombardier, Sanofi et Renault, se retirant pour le dernier en 2018 en invoquant des questions d’âge.