Parité : En sciences, le nombre de femmes ne fait toujours pas le poids
Argent•En France, seulement 29 % des chercheurs scientifiques et 20% des professeurs des universités sont des femmesSarah Barbier pour 20 Minutes
A l’heure de la parité, seulement 29 % des chercheurs scientifiques sont des femmes, d’après un rapport du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche publié en 2020. Au total, elles représenteraient en sciences 40 % des enseignants-chercheurs universitaires, 33 % du personnel de recherche et de développement et 20 % des professeurs des universités. Comment expliquer ces résultats ? Et surtout comment inverser la tendance ? Voici quelques pistes de réflexion.
Des disparités dès le lycée
Selon l’Association fédérative nationale des étudiants universitaires scientifiques (Afneus), cet écart se creuserait dès le lycée. En effet, depuis quelques années, les jeunes filles se dirigeraient de moins en moins vers les filières scientifiques. Une tendance accentuée depuis 2018 avec la réforme de l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. « En 2021, la part de filles ayant choisi les mathématiques comme option de spécialité n’est que de 38,6 %, reculant de près de 10 points par rapport à 2019 et tombant plus bas qu’en 1994 », explique Anaëlle Gateau, la présidente de l’Afneus, dans un dossier de presse pour le congrès Femmes en sciences de 2022.
Même si, depuis la rentrée 2023, l’enseignement des mathématiques est redevenu obligatoire dans le tronc commun des élèves de première, cela ne semble pas suffisant. « Ces 1h30 de mathématiques s’ajoutent spécifiquement à l’emploi du temps des élèves qui ne suivent plus la spécialité mathématique, dans un tronc commun qui n’est de fait plus commun. Mathématiques de fracture plus que de réconciliation voulue par le ministère ! », pointe de son côté le collectif Maths & Sciences, qui souhaite rééquilibrer le tronc commun en faveur des sciences, dans une tribune publiée en octobre 2023 dans le magazine La Recherche.
Des modèles féminins oubliés
Même constat dans l’enseignement supérieur, où les femmes sont toujours largement sous-représentées dans les cursus scientifiques : 41,3 % selon les données 2021 de la Direction de l’évaluation de la prospective et des performances (DEPP) pour la rentrée 2020. Dans le détail, les étudiantes représentaient seulement 29,4 % des effectifs dans les écoles d’ingénieurs, 42 % dans les formations en sciences et ingénierie et 20 % dans les domaines de la physique, l’informatique ou les mathématiques.
Comment expliquer cette désaffection ? « Il a été montré que la non-attractivité des filières scientifiques envers les jeunes filles est due en partie à un manque de modèles féminins, dans les manuels scolaires par exemple mais aussi dans la plupart des médias. En effet, lorsque l’on parle de femmes scientifiques, Marie Curie est presque la seule qui est citée. Pourtant, nombreuses sont les femmes qui se sont illustrées dans leur domaine et ont permis des avancées au fil des siècles », peut-on lire dans le projet Femmes en sciences, porté par l’Afneus.
Les exemples ne manquent en effet pas. Citons, ainsi, l’éthologue et anthropologue Jane Goodall, qui a été la première à avoir observé le fait que les chimpanzés utilisent des outils pour s’alimenter, la physico-chimiste Rosalind Franklin, à qui l’on doit la découverte de la structure de l’ADN, ou encore l’astronome Vera Rubin, dont les recherches ont permis de confirmer la présence de matière noire autour des galaxies. Afin d’inverser la tendance, il serait donc plus que temps de valoriser dans les livres d’histoire celles qui ont tant œuvré pour les progrès scientifiques.