Sécheresse : Les piscines privées ont-elles (encore) un avenir ?
EAU•Face aux exigences écologiques et énergétiques actuelles, les bassins privés sont de plus en plus décriésM.K pour 20 Minutes
Épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents, crise énergétique et nécessité absolue d’investir dans des équipements plus écologiques vont-ils bientôt sonner le glas des piscines privées ?
Si l’hypothèse de l’interdiction des bassins chez les particuliers trouve un écho favorable chez certains politiques, pour d’autres la solution est ailleurs.
Ce qui est certain, c’est que face aux étés de plus en plus caniculaires, lutter contre la surconsommation d’eau et d’énergie devient inévitable.
Les Français, champions d’Europe dans la construction de piscines
La France est, après les États-Unis, le deuxième pays au monde le plus équipé en piscines.
En Europe, c’est même la championne toute catégorie avec pas moins de 3,2 millions de bassins privés recensés, dont 1,55 million enterrés et 1,64 million hors-sol, selon les chiffres fournis par la Fédération des professionnels de la piscine (FPP) en 2022.
Dans le détail, plus d’un million de ces équipements se situent dans le Sud-Est, tandis que la taille de bassin la plus répandue est de 4 m par 8, soit environ 32 m2 pour une contenance moyenne de 48 m3.
On estime également que d’ici 2024, 230.000 nouvelles piscines enterrées devraient être construites.
Une consommation d’eau importante
Si le nombre toujours plus croissant de bassins chez les particuliers peut poser problème, c’est parce que la consommation d’eau et d’électricité de cet équipement de luxe n’est pas toujours conciliable avec les exigences écologiques actuelles.
En effet, les professionnels avancent que la consommation d’eau d’une piscine privée s’élève en moyenne à 15 m3 par an, soit 15.000 litres d’eau, là où le Centre d’information sur l’eau estime qu’elle représente plutôt entre 50 et 80 m3, soit jusqu’à 80.000 litres.
Le remplissage d’une piscine serait donc équivalent à 14.444 chasses d’eau, 325 lavages de voiture ou 5.909 vaisselles. C’est beaucoup, surtout lorsqu’on sait qu’un foyer français de 2,5 personnes en moyenne utilise 329 litres d’eau par jour, soit 120 m3 à l’année selon l’Insee.
Pour nuancer ces chiffres, il faut rappeler que les piscines sont généralement remplies pour 5 à 10 ans, et qu’au total, elles ne représentent que 0,12 % de la consommation annuelle d’eau du pays comme le précise la FPP.
Au final, l’arrosage quotidien des jardins et des pelouses a une empreinte carbone beaucoup plus élevée que celle des piscines.
Quelles solutions ?
Néanmoins, face aux exigences de sobriété et d’économie d’énergie, les constructeurs mais aussi les particuliers sont obligés de revoir leurs prétentions et de les adapter à la situation actuelle.
Ainsi, les bassins se font souvent plus petits, ce qui a permis de réduire leur consommation d’eau de 45 % en vingt-cinq ans. D’autant que leurs propriétaires ne vident plus leur piscine chaque année comme c’était le cas auparavant.
Plus encore, de nombreux outils et accessoires permettent aujourd’hui de réaliser des économies d’eau. C’est le cas notamment des bâches isothermes qui évitent l’évaporation et donc de remplir trop souvent sa piscine.
Des cuves de récupération dédiées à ces installations existent aussi afin de ne pas consommer trop d’eau potable.
Les pompes de filtration s’améliorent également et deviennent plus performantes, tout en étant moins gourmandes en électricité grâce à l’apparition d’appareils basse consommation.
De même, la domotique prendra certainement plus d’ampleur à l’avenir, en particulier pour la surveillance de la qualité de l’eau, ce qui permettra de limiter l’utilisation des produits, d’éviter les surdosages et d’empêcher le renouvellement trop fréquent de l’eau de son bassin.
Notre dossier « Piscines »Enfin, outre un mode de chauffage plus économe au moyen d’une pompe à chaleur, l’énergie solaire s’impose, elle aussi, comme une solution future. De plus en plus de bâches de piscines intègrent en effet des panneaux solaires afin de garder l’eau à bonne température.