Dans le rougePourquoi rien ne va plus chez Casino ?

Pourquoi c’est la crise chez Casino ?

Dans le rougeCriblée de dettes et visée par une lourde amende, la maison-mère Rallye cherche à vendre Casino
Xavier Regnier

Xavier Regnier

Casino au bord de la banqueroute. Criblée de dettes depuis plusieurs années, sa maison-mère Rallye a écopé ce vendredi matin d’une très lourde amende de l’Autorité des marchés financiers (AMF), assombrissant un peu plus l’avenir de la chaîne de supermarchés. Alors que deux groupes d’investisseurs se sont positionnés pour reprendre Casino, plus de 50.000 emplois en France sont concernés par la chute d’un géant de la grande distribution. 20 Minutes fait le point.

Quelle est l’ampleur de la dette de Casino ?

A l’heure actuelle, l’endettement net du groupe se chiffre au total à 6,4 milliards d’euros et celui de sa maison mère Rallye à environ 3 milliards d’euros. En outre, Casino a annoncé lundi qu’il n’avait pas respecté au 30 juin l’obligation d’avoir une dette brute qui n’excède pas 3,5 fois son excédent brut d’exploitation, ce qui entraîne un défaut de paiement. Le groupe a toutefois annoncé qu’il allait « solliciter du président du Tribunal de commerce, dans les prochains jours, l’application de délais de grâce ».

Le temps de procéder à une restructuration financière, espérée pour le 27 juillet, et d’être racheté. Casino a demandé à ses créanciers de ne pas demander à être remboursés le temps de la conciliation, et souhaite une conversion massive de sa dette en capital, portant sur plus de 3 milliards d’euros de dettes non sécurisées et entre 1 milliard et 1,5 milliard d’euros de dettes sécurisées. Les détenteurs de ces créances (grandes banques, fonds, institutionnels…) deviendraient ainsi des actionnaires de Casino, au lieu de récupérer leur argent. Le sort du groupe stéphanois, 200.000 salariés dans le monde dont un quart en France, et de ses enseignes Monoprix, Franprix ou Cdiscount, en dépend.

D’où vient cette amende de l’AMF ?

A trop jouer, Rallye a tout perdu. Au cours d’une séance de la commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers, la représentante du Collège de l’AMF, Anne-Claire Hercot-Le Bihan, a reproché à Rallye d’avoir « rassuré artificiellement » les investisseurs entre mars 2018 et mai 2019 en disant que l’entreprise disposait de financements, alors que des conditions suspensives s’appliquaient à ces lignes de crédit et pouvaient donc entraîner leur indisponibilité partielle.

La holding par laquelle Jean-Charles Naouri contrôle le distributeur Casino était sous forte pression des investisseurs sur sa dette, attaquée par des vendeurs à découvert, et a fini en mai 2019 par demander son placement en procédure de sauvegarde. Anne-Claire Hercot-Le Bihan, a dénoncé « une dissimulation inédite », avec « des facteurs de gravité et d’intention très forts » qui ne souffrent « d’aucune circonstance à décharge ». 25 millions d’euros sont réclamés à Rallye et 2,5 millions à Franck Hattab, son directeur général.

Qui peut sauver Casino ?

Deux attelages sont officiellement candidats au rachat de Casino, qui quittera le giron de Rallye quoi qu’il arrive. D’une part, le duo de milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière a fait une offre ferme prévoyant une recapitalisation à hauteur de 1,35 milliard d’euros, selon les détails communiqués mardi soir par Casino, via une augmentation de capital dont au moins 860 millions d’euros apportés par les deux partenaires. Le milliardaire tchèque est bien implanté en France dans le secteur des médias, en tant qu’actionnaire majeur du groupe Le Monde et candidat au rachat d’Editis. Marc Ladreit de Lacharrière est lui un ami proche du PDG de Casino, Jean-Charles Naouri. Leur offre ne fait « pas de mention explicite du niveau de maintien de l’emploi ».



En face, il y a le trio Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari. Le duo d’alliés à la tête du groupe Le Monde s’est associé à celui qui possède déjà des magasins Casino sous franchise. Ensemble, ils prévoient d’investir « avec leurs partenaires financiers » 900 millions d’euros dans le groupe Casino. Cet apport se fera pour moitié sous forme de fonds propres et, pour l’autre moitié, d’une émission de dette, a précisé Casino mardi soir dans son communiqué. Avec un « projet industriel et social de long terme », cette proposition « bénéficie du soutien d’un groupe important de créanciers » de Casino, avait assuré le trio, dont l’offre prévoit le « maintien du niveau d’emplois » actuel au sein du groupe, a signalé le distributeur mardi soir.