Zone euro : La BCE fête ses 25 ans dans l’ombre de l’inflation
ANNIVERSAIRE•Christine Lagarde a convié environ 200 invités au siège de la BCE à Francfort à partir de 18h15, dont deux de ses prédécesseurs : Jean-Claude Trichet et Mario Draghi20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- La présidente de la BCE Christine Lagarde va recevoir environ 200 invités ce mercredi à Francfort, dont deux de ses prédécesseurs : Jean-Claude Trichet et Mario Draghi.
- Créée le 1er juin 1998, quelques mois avant l’introduction de l’euro, la BCE a pour boussole le maintien de la stabilité des prix, qui se définit aujourd’hui par un niveau d’inflation de 2 % sur le moyen terme.
- Sur fond de prix de l’énergie et de biens importés ayant bondi depuis la reprise post Covid-19 et la guerre en Ukraine, le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est inscrit à 7 % en avril.
La fête va être un peu ternie par la hausse des prix. La Banque centrale européenne célèbre ce mercredi son premier quart de siècle d’existence scandé par les crises qui l’ont obligée à repousser les limites de son action.
Environ 200 invités sont attendus à partir de 18h15 dans la tour d’acier et de verre de l’institution monétaire bordant le Main à Francfort. Il y aura pour l'occasion de la musique de Debussy et un gâteau d’anniversaire coupé par la présidente de la BCE Christine Lagarde et deux de ses prédécesseurs, Jean-Claude Trichet et Mario Draghi.
Lagarde voit des raisons de se « réjouir »
Mais ombre au tableau : la fête a lieu alors que l’inflation en zone euro navigue à un niveau record - encore 7 % en avril - sur fond de prix de l’énergie et de biens importés ayant bondi depuis la reprise post Covid-19 et la guerre en Ukraine.
Il n’empêche que « nous avons de bonnes raisons de nous réjouir à la BCE », a toutefois assuré Christine Lagarde à la chaîne de télévision néerlandaise Buitenhof TV. « Il y a 25 ans, nous avions pour objectif d’assurer la stabilité des prix, une meilleure souveraineté européenne et de faire preuve de plus de solidarité : nous avons tenu nos engagements sur ces trois aspects », a-t-elle estimé.
Créée le 1er juin 1998, quelques mois avant l’introduction de la monnaie unique, la BCE a pour boussole le maintien de la stabilité des prix, qui se définit aujourd’hui par un niveau d’inflation de 2 % sur le moyen terme. L’inflation s’est élevée en moyenne à 2,05 % sur les 25 années passées.
Mais derrière cette bonne note d’ensemble, l’institution en a vu de toutes les couleurs. Elle a dû s’accommoder des imperfections de l’Union monétaire menant à des crises existentielles, comme la menace de voir l’euro imploser dans les années 2010, lors de la crise des dettes publiques dans l’Union européenne. Une longue phase d’inflation atone a suivi, à laquelle a succédé l’envolée des prix subie depuis plus d’un an.
Une hausse des taux sans précédent
Ayant cru longtemps que le retour de l’inflation serait temporaire, la BCE a fini par devoir la combattre via un relèvement sans précédent de ses taux directeurs, de 3,75 points depuis juillet, acceptant par ce biais de ronger la croissance.
Son arsenal s’est par contre au fil des ans élargi au-delà de l’arme classique des taux d’intérêt : programmes de rachats de dettes publiques et privées flirtant avec l’interdiction de financer les Etats souverains et vagues de prêts géants aux banques, le tout pour soutenir à bout de bras les économies européennes.
Le chantier de l’euro numérique
L’institut a aussi commis des erreurs funestes. En 2011, Jean-Claude Trichet relève les taux alors qu’une crise est en gestation. Son successeur Mario Draghi corrigera le tir dès son arrivée, gagnant plus tard des lauriers de « Super Mario », sauveur de la zone euro. Mais la gestion solitaire de l’Italien a fini par créer la zizanie au sein du conseil des gouverneurs, où siègent les patrons des Banques centrales nationales. Christine Lagarde a depuis resserré les rangs.
Quant à l’euro, utilisé par près de 350 millions d’Européens dans 20 pays, il va « survivre de nombreuses années à venir », affirme Christine Lagarde. Il va aussi se transformer : le chantier de l’euro numérique est lancé pour mettre en place un nouveau moyen de paiement en réponse à la multiplication des cryptomonnaies.