Le grand emprunt: «Ça fait un peu pschitt»
ECONOMIE•Après les annonces de Rocard et Juppé, un économiste décortique les annonces...Oriane Raffin
Présenté ce jeudi matin, le rapport de la commission sur le grand emprunt national, présidé par Alain Juppé et Michel Rocard semble bien loin des premières pistes évoquées en juin dernier. «L’esprit du grand emprunt a été dévoyé», déplore Alexander Law, chef économiste de Xerfi, contacté par 20minutes.fr. «L’idée c’était une mobilisation nationale, annoncée en période de récession. Mais là, au final, on exclut les ménages et les sommes sont très faibles», poursuit-il, «ça fait un peu pschitt».
Résultat des courses: la commission propose un emprunt de 35 milliards d’euros. Un montant peu élevé par rapport aux finances de l’Etat. «On ne s’attendait pas à grand chose d’autre. A partir du moment où une fourchette faible a été donnée, on ne pouvait pas espérer avoir un impact massif à court terme, mais c’est mieux que rien».
Peu d’audace
Avec 16 milliards d’euros, c’est l’enseignement supérieur qui sort pourtant du lot et rafle la mise. «On voit que le but c’est de donner de l’argent là où il y en a vraiment besoin, après des années de sous-investissement pour les universités», constate Alexander Law. Il déplore néanmoins: «on aurait pu espérer un peu d’audace, avec des grands projets. Alain Juppé voulait soutenir une ligne de TGV, Michel Rocard un canal. On aurait pu voir des décisions comme celle-ci, qui auraient aussi eu un impact immédiat sur l’économie.»
Avec les projets proposés par les deux anciens Premiers ministres, on peut plutôt s’attendre à un impact à moyen-long terme. «Il faudra sans doute compter une demi-génération. On ne peut pas réformer le système universitaire en deux ans», développe Alexander Law.