Le grand emprunt, comment ça va marcher?
ECONOMIE•Alors que le montant n'est pas encore arrêté, 20minutes.fr fait le point...Angeline Benoit
Batailles de chiffres autour du grand emprunt national. Alors que 63 députés de la majorité ont appelé à mobiliser entre 50 et 100 milliards d'euros mardi, la commission présidée par Alain Juppé et Michel Rocard envisage de fixer son montant entre 20 et 40 milliards d'euros. Dans un contexte de déficit record pour les finances public, les interrogations se multiplient sur l'opportunité de ce nouveau recours à la dette. Le tour du dossier en trois questions.
A quoi servira l'argent récolté?
Depuis l'annonce, le 22 juin, d'un grand emprunt par le Président - pour doper l'économie à long terme -, les demandes affluent de tous les secteurs de l'économie. «On ne doit pas se disperser, on doit faire des choix», avait souligné le ministre du Budget, Eric Woerth. «Toutes les ressources» de l'emprunt devront être affectées à «des dépenses clairement identifiées comme porteuses de croissance et d'emploi», avait précisé pour sa part le Premier ministre. Des ministres ont ainsi évoqué le «véhicule électrique, le solaire, le nucléaire de 4e génération» ou encore la création de «grands campus». Selon l'Elysée, les décisions devraient être prises début novembre, avant d'être soumises à un débat à l'Assemblée nationale.
Combien l'Etat compte emprunter?
Il n'est plus question des 100 milliards d'euros évoqués en juin par des proches du Président, mais plutôt d'une hypothèse de 30 milliards. De fait, la dette totale de l'Etat atteint déjà 1.134 milliards d'euros, et devrait encore augmenter de 85 milliards l'an prochain, hors grand emprunt. L'Etat prévoit de payer 44 milliards d'euros d'intérêts en 2010, soit près du double de ce qu'il dépensera pour les universités et la recherche. Si le grand emprunt alourdit les frais financiers, ce sera autant d'économies à faire sur les dépenses publiques courantes. Les organisations patronales et syndicales consultées par l'Elysée ont donc appelé à agir avec prudence face au risque d'aggravation de la dette.
Les particuliers seront-ils sollicités?
Le ministre du Budget, Eric Woerth, a laissé entendre jeudi dernier que le grand emprunt pourrait être lancé auprès des marchés et non des particuliers, option moins coûteuse mais symboliquement moins forte. Pour attirer les particuliers, et concurrencer l'assurance-vie, l'Etat devait proposer un taux de rémunération d'au moins 4%. En 1993, l'emprunt Balladur avait été lancé à 6%. D'un montant de 16,8 milliards d'euros, il avait coûté 2,1 milliards d'euros d'intérêts et engendré 450 millions d'euros de frais (réductions d'impôt accordées aux ménages souscripteurs, commissions aux banques, publicité, etc.). Sur les marchés, l'Etat peut obtenir un taux de 2,5%. Les investisseurs professionnels acceptent une rémunération très faible car il s'agit d'un produit sûr et facile à revendre. Et les banques ne prennent pas de commission car la dette de l'Etat est très demandée et proposée sur tous les marchés. Pour un emprunt de 30 milliards, l'Etat peut donc espérer limiter la facture totale des intérêts à 1,5 milliard d'euros.