Le ticket de caisse dématérialisé sera bon pour la planète... mais dangereux pour vos données
CONSO•L'impression automatique de ces preuves d'achat sera interdite à compter du 1er janvier 2023Julie Polizzi pour 20 Minutes
Tickets de caisse, bons de réduction et autres reçus de carte bancaire sont la nouvelle cible de la protection environnementale : pour éviter la production de tonnes de papier qui finissent le plus souvent à la poubelle et la pollution qui va avec, la loi anti-gaspillage du 10 février 2020 a en effet programmé la fin de l’impression systématique de tous ces tickets au 1er janvier 2023.
À moins de demander une version papier, il faudra donc accepter un format dématérialisé. Mais à l’heure de changer nos habitudes, certaines conséquences sur nos droits ne doivent pas être négligées…
Pas de reçu, pas de preuve !
Bon nombre de magasins demandent déjà à leurs clients s’ils veulent leur ticket papier ou un envoi par e-mail. Pour éviter de s’encombrer ou gagner du temps, il est ainsi de plus en plus courant de refuser tout bonnement ce reçu pour les emplettes du quotidien. Dans ce cas, ce dernier est alors tout de même imprimé, puis jeté à la poubelle par le vendeur puisque l’enseigne a l’obligation légale d’émettre cette facture. Mais outre un impact écologique inchangé, cette pratique comporte un inconvénient majeur, dénoncé par plusieurs associations de défense des consommateurs : un défaut de preuve.
« Faute de ticket de caisse, vous ne pouvez pas prouver le contenu de vos achats au vigile de l’enseigne par exemple. De même, si vous constatez un souci avec un produit une fois chez vous, vous ne pourrez pas procéder à un échange ou faire valoir sa garantie. Et sans reçu, on ne peut pas non plus vérifier que le montant payé correspond bien aux articles achetés et que les éventuelles réductions et promotions ont été appliquées », nous explique Jordan Chemouhoum, co-fondateur de Noticia, une solution de ticket dématérialisé.
Le piège de l’e-mail
Afin d’en finir avec le papier tout en délivrant cette preuve d’achat, deux solutions se sont déjà développées : le mailing et le compte fidélité. Dans un cas comme dans l’autre, cela implique toutefois de fournir, a minima, votre e-mail à d’innombrables magasins…
Dans son livre blanc sur les données et moyens de paiement de 2021, la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL) a d’ores et déjà averti que cette dématérialisation « ne saurait être utilisée à des fins de prospection commerciale sans respecter les principes en la matière », à savoir le recueil du consentement du client, ainsi que la possibilité de s’opposer en amont à cette prospection. Sauf que cette procédure reste très floue, tandis que ces données sont une mine d’or pour les commerces.
Un ticket 2.0
Flairant un nouveau marché, plusieurs start-up comme Yavin, DeeWee, KillBills ou CleanBill proposent une dématérialisation plus innovante. Sans contact, code barre ou interface bancaire, chaque appli y va de sa solution pour rendre l’envoi du reçu simple et rapide, puis permettre son stockage, en récupérant ou non les données clients. Dans le cas de Billiv et Noticia, il suffit par exemple de scanner le QR code qui s’affiche après le paiement pour consulter et télécharger son ticket de caisse depuis une page web, sans besoin d’application ni d’inscription.
Notre dossier « CONSOMMATION »
Jordan Chemouhoum confirme que « de cette façon, aucune donnée personnelle ne filtre »… du moins aucune qui permette au magasin de vous spammer par e-mail puisque c’est un cookie de session qui est utilisé ici. Ce dernier vous permettra d’ailleurs d’accéder librement à vos tickets passés depuis le site. Ceci dit, si vous voulez les conserver dans la durée, il sera utile de créer un compte ou de télécharger vos documents sur votre ordinateur.