FISCALITÉJusqu’à 16,5 % de hausse… Pourquoi la taxe foncière flambe cette année ?

Taxe foncière : Jusqu’à +16,5 % à Marseille, +12,6 % à Strasbourg… Pourquoi flambe-t-elle cette année ?

FISCALITÉLe montant de la taxe foncière 2021 vient d’être communiqué aux propriétaires. Avec parfois de très mauvaises surprises. Pourquoi ? Où les hausses sont-elles les plus fortes ? 20 Minutes a regardé tout ça
Thibaut Gagnepain (avec M.C.)

Thibaut Gagnepain (avec M.C.)

L'essentiel

  • Depuis le 28 août, les avis de taxe foncière 2021 sont envoyés. L’an dernier, 32 millions de ménages propriétaires.
  • Cette année, de fortes hausses ont eu lieu. Comme à Marseille, Tours, Strasbourg ou Nantes, avec jusqu’à 16,5 % d’augmentation !
  • Pourquoi ? Est-ce que ça va durer ? 20 Minutes a regardé tout ça.

Un avertissement d’abord. Pour les propriétaires qui ne l’auraient pas vu ou reçu, votre avis de taxe foncière est consultable depuis fin août. Et pourraient vous réserver quelques mauvaises surprises… Comme pour les habitants de Marseille, Tours, Strasbourg et Nantes, quatre villes où cet impôt a flambé en un an. Respectivement de 16,5 %, 15,3 %, 12,6 % et 11,5 % selon les chiffres de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI).

La faute, tout simplement, à l’inflation ? « Pas seulement », répond Christophe Demerson. Le président de l’UNPI est particulièrement remonté face à de telles hausses, décidées par l’Etat et les collectivités locales. Au niveau national d’abord, il a été adopté une augmentation inédite de 3,4 % de l’indice des prix à la consommation harmonisé. « Mais cet IPCH, d’un calcul complexe, a été adopté en novembre dernier pour la taxe foncière 2021, alors que les prix n’avaient pas tant flambé que ça ! Alors qu’est-ce que ce sera l’an prochain ? », s’interroge faussement le dirigeant, encore plus désabusé devant le comportement de certaines villes et agglomérations.

Car c’est surtout à ce niveau-là que les augmentations se font le plus sentir pour les contribuables. L’eurométropole de Strasbourg a par exemple décidé de quadrupler (de 1,15 à 4,60%) son taux quand la mairie de Marseille votait une hausse de 14% du sien. Deux exemples extrêmes mais qui confirment une tendance. Cette année, 29 % des 40 villes de plus de 100.000 habitants ont augmenté leurs parts au sein de ce fameux impôt local. Contre 10 % un an plus tôt et aucune en 2019 et 2020, d’après les données collectées par le cabinet FSL.

« Une hausse moyenne de 1,5 % » sur 182 villes

« Sur les 182 villes de plus de 40.000 habitants, ça correspond à une hausse moyenne de 1,5 %. Il n’y a donc pas d’explosion de la taxe foncière globalement », nuance Jérôme Barberet, directeur des études chez FSL. « Ces augmentations arrivent même régulièrement en début de mandat, quand les nouvelles équipes mettent en place leur projet. Les années électorales, généralement, ça ne bouge pas trop ! »

Le spécialiste le reconnaît néanmoins, la tendance actuelle pourrait se poursuivre ces prochaines années. « Car avec la suppression progressive de la taxe d’habitation (qui concernera tous les Français en 2023), les collectivités manquent de lisibilité. » Donc pourraient avoir tendance à se rabattre sur l’autre principal impôt local…

« Nous ne sommes pas des vaches à lait »

« Avant, on demandait aussi de l’argent aux locataires mais ce n’est plus le cas. Alors on se rabat sur les propriétaires ! », peste Christophe Demerson. « Mais nous ne sommes pas des vaches à lait », surenchérit Gérard Weber, le président de la Chambre syndicale de la propriété et copropriété (CSPI) du Bas-Rhin. « Les propriétaires rentiers comme au XIXe siècle, ça n’existe plus. C’est un poncif de penser que tous s’en mettent plein les poches. Sans penser à ceux qui sont simplement occupants de leur logement. »

Les deux plaident pour « un mécanisme pour encadrer la taxe foncière ». « Comme pour les loyers qui ne peuvent pas être augmentés n’importe comment », compare le président de l’UNPI en craignant le pire pour les prochaines années. « On a l’impression que ce n’est pas la même inflation pour tout le monde… »

En attendant, à Marseille, un collectif conteste d’ores et déjà la hausse actuelle. Pas moins de 250 propriétaires ont décidé de la contester cette décision devant le tribunal administratif. « C’est une hausse spectaculaire, totalement délirante », justifie leur avocat, Me Jacques Gobert. « Elle a par ailleurs été évoquée dans des conditions illégales, puisqu’elle a été envisagée en février, soit bien avant la guerre en Ukraine et la crise énergétique. Enfin, c’est une hausse qui touchera durement la population marseillaise. On a, à Marseille, 175.000 propriétaires. Sur ces 175.000, 14.000 sont pauvres au sens de l’Insee, c’est-à-dire qu’ils ont un revenu fiscal de référence inférieur à 13.200 euros par an. Cette hausse va provoquer un appauvrissement en plus d’une grande partie de ces gens, d’autant plus qu’il n’y a pas à Marseille de grande fortune foncière comme à Paris. »

L’an dernier, 32 millions de ménages propriétaires ont été redevables de la taxe foncière, qui a permis de collecter 27,3 milliards d’euros.