BANQUEFace à l’inflation, la BCE enterre les taux négatifs

Inflation : La BCE augmente ses taux d’intérêt pour la première fois en plus de dix ans

BANQUEAvec une hausse plus importante que prévu, l’instance européenne a décidé de frapper fort malgré la crise politique qui s’est ouverte en Italie
Marie De Fournas

M.d.F. avec AFP

La Banque centrale européenne (BCE) a jeté un pavé dans la mare en décidant jeudi de relever ses trois taux directeurs de 50 points de base, après avoir préparé les esprits à une hausse de 25 points seulement. Une première en plus de dix ans pour l’institution de Francfort, prise dans un arbitrage complexe entre hausse des prix et craintes pour la croissance.

Le principal taux d’intérêt passe ainsi de 0 %, niveau où il campait depuis 2016, à 0,50 %, tandis que celui taxant une partie des liquidités bancaires non distribuées en crédit remonte de – 0,50 % à 0. Cette décision marque la fin de l’ère des taux négatifs entamée en 2014 et la sortie d’une décennie de généreuse politique monétaire, qui a permis d’aider l’économie à surmonter les crises des dernières années.

Réduire la masse monétaire en circulation pour freiner l’inflation

Ce resserrement de la politique monétaire a déjà été amorcé en juillet avec l’arrêt des nouveaux achats de dette sur les marchés. Objectif : réduire la masse monétaire en circulation et freiner l’inflation, qui a battu le mois dernier un nouveau record dans la zone euro, à 8,6 % sur un an.

La tâche de la BCE est complexe en raison des menaces grandissantes de coupure des approvisionnements de gaz russe, du risque que fait encourir la crise politique en Italie et la chute de l’euro.

Un nouvel instrument pour protéger les Etats

Pour éloigner le spectre d’une nouvelle crise des dettes souveraines, la Banque centrale européenne a aussi annoncé un nouvel instrument pour protéger les Etats les plus fragiles contre des attaques spéculatives. Ce dernier a été conçu pour aplanir les écarts entre taux d’emprunt, ou « spreads », entre pays emprunteurs sans risque, comme l’Allemagne, et d’autres plus fragiles, comme l’Italie.

La BCE argumente que ces « spreads » gênent la transmission adéquate de sa politique monétaire. Mais des conditions strictes d’utilisation doivent être définies, les gardiens de l’euro n’ayant pas le droit d’aider budgétairement les gouvernements. Cet outil « pourra être activé pour contrer les dynamiques de marché injustifiées et désordonnées qui menacent gravement la transmission de la politique monétaire dans la zone euro », qui vise un taux d’inflation de 2 % à moyen terme, selon un communiqué à l’issue du Conseil des gouverneurs.