Strasbourg : Adidas s'en va... Est-ce que Strasbourg paye un manque d'attractivité ?
ECONOMIE•La célèbre marque de sport l'a annoncé la semaine dernière : elle va regrouper ses activités à Paris et donc quitter Strasbourg. La capitale alsacienne serait-elle moins séduisante pour les entreprises ?Thibaut Gagnepain
L'essentiel
- Le départ prochain d’Adidas pour Paris n’est pas une bonne nouvelle pour Strasbourg, car près de 150 salariés pourraient aussi déménager. Et symboliquement, le coup est rude.
- Est-ce que la capitale alsacienne serait désormais moins attirante pour les entreprises ? L’opposition à la mairie écologiste le dénonce.
- « Pas du tout », rétorque la présidente de l’eurométropole Pia Imbs. « Alcatel vient d’inaugurer ses nouveaux locaux au parc d’innovation d’Illkirch (PII), d’autres comme Ikea, Punch Powerglide ou Biosynex cherchent à s’agrandir… Et je peux encore citer Soprema ou Heppner qui investissent actuellement. »
Avis aux futurs intéressés. Professionnel loue immeuble de huit étages, près de 5.000 m² accessibles, belle situation en face du Parlement Européen. Aménagement possible après septembre 2024. Quand Adidas aura rendu les locaux…
L'annonce du départ de la marque aux trois bandes a fait grand bruit, la semaine dernière à Strasbourg. D’abord car près de 150 salariés pourraient être amenés, à terme, à quitter l'Alsace. Mais aussi pour l’image renvoyée. L’équipementier s’était installé en grande pompe dans ce nouveau quartier d'affaires, dit Archipel, au printemps 2018. Fin 2020, le même lieu avait aussi vu deux banques, le Crédit Mutuel et la Caisse d'Epargne Grand-Est Europe (CEGEE), renoncer à construire deux énormes immeubles par mesure d’économies.
L’eurométropole strasbourgeoise serait-elle en perte d’attractivité économique ? L’opposition à la majorité écologiste de Jeanne Barseghian le répète depuis des mois. « Attractivité » est considéré comme un gros mot dans la bouche de son exécutif », a dégainé la semaine dernière le maire d’Illkirch-Graffenstaden Thibaud Philipps (LR), en se souvenant du choix de Huawei de retenir Brumath plutôt que sa ville il y a près de deux ans.
« La maire est dans une logique de décroissance »
« On ne cherche plus ni l’emploi ni les entreprises, tacle de son côté Pierre Jakubowicz (Agir). La maire est dans une logique de décroissance. Elle considère l’attractivité comme corollaire d’une perte de qualité de vie des habitants. Strasbourg est clairement victime d’une position idéologique et perd du terrain dans tous les classements. Aujourd’hui, quand j’échange avec des cabinets de conseil et d’audits, on compare la dynamique de notre ville à celle de Clermont-Ferrand. Soit pas vraiment une capitale européenne… »
« Pas du tout », rétorque la présidente de la collectivité Pia Imbs (DVC). « Le départ d’une entreprise, aussi symbolique qu’Adidas, ne doit pas faire oublier le reste. Alcatel vient d’inaugurer ses nouveaux locaux au parc d’innovation d’Illkirch (PII), d’autres comme Ikea, Punch Powerglide ou Biosynex cherchent à s’agrandir… Et je peux encore citer Soprema ou Heppner qui investissent actuellement. »
Des arguments que semblent confirmer des chiffres. Dans son rapport d’activité 2021, l’Agence de développement d’Alsace (Adira) évoque ainsi « un millésime exceptionnel » pour 2021. Est-ce aussi valable pour l’eurométropole ? « Les grandes entreprises et les PME y ont beaucoup investi et sur 2022, la tendance est la même », répond la directrice de l’association Monique Jung. Avec une réserve : « Le problème, c’est la disponibilité foncière. Tous les projets ne peuvent pas être accueillis sur Strasbourg. »
« C’est vrai, confirme Pia Imbs. Depuis le début de mon mandat, nous avons ainsi validé l’ouverture de quatre nouvelles zones économiques, comme à Eckbolsheim ou Fegersheim. Nous nous devons d’être attentifs à l’artificialisation des sols, mais il reste de la place. » Encore plus fin 2024, quand un immeuble de huit étages sera libéré de son locataire.