Pourquoi le crowdfunding immobilier séduit-il de plus en plus d’épargnants ?
INVESTISSEMENT•Avec un rendement moyen dépassant 9 % par an, le financement participatif immobilier attire de plus en plus d'épargnants désireux de diversifier leurs placementsJulie Polizzi pour 20 Minutes
Si l’immobilier est un investissement phare des Français, tout le monde n’a pas vocation à devenir bailleur. La solution ? Se tourner vers la « pierre-papier », en plaçant son argent sur des produits finançant le secteur... Outre les divers fonds en actions et sociétés de placement (SCPI) classiques, de plus en plus d’épargnants se tournent alors vers le financement participatif.
Depuis l’encadrement du marché dans l’Hexagone en 2014, le crowdfunding connaît ainsi une croissance exponentielle qui a battu tous les records en 2021. Cette année-là, 958 millions d’euros ont été collectés à travers une quarantaine de plateformes Web, soit 90 % de plus par rapport à 2020, selon le baromètre publié par Fundimmo.com, l’un des cinq plus gros acteurs en la matière.
Financer le résidentiel
S’inscrivant dans la tendance de la finance collaborative, le crowdfunding immobilier permet aux particuliers d’investir directement leur épargne dans les projets des professionnels et en l’occurrence dans ceux des promoteurs et marchands de biens. Et contrairement à un fonds répartissant votre argent à gauche et à droite, c’est ici vous seul qui décidez quelles opérations vous voulez soutenir.
En pratique, il s’agira essentiellement de financer la construction de logements, dont la France manque encore et toujours, sachant qu’ils représentent 81,7 % des projets en 2021 d’après le baromètre Fundimmo. Viennent ensuite les bureaux (9,8 %), commerces (9,7 %), hôtellerie (3,8 %) et divers aménagements et rénovations (2,2 %). Côté localisation, l’Île-de-France, la région PACA et l’Auvergne-Rhône-Alpes captent 74 % des collectes.
Un financement attractif
Si le crowdfunding plaît tant, c’est qu’il offre plusieurs avantages. Tout d’abord, il démocratise le placement immobilier en le mettant à la portée des épargnants moyens, là où il était auparavant souvent réservé aux très gros investisseurs. Comme nous l’explique Benoît Bazzocchi, le président de Fundimmo, « on peut en général investir sur un projet à partir de 1000 €, ce qui reste accessible et permet de multiplier les projets pour répartir les risques ».
Mieux encore, le financement participatif permet une immobilisation des fonds de courte durée, en contrepartie d’une rémunération élevée. « Les opérations durent entre 12 et 36 mois, avec un rendement qui varie entre 8 et 10 % », précise le spécialiste. En moyenne, la durée de placement atteignait ainsi 21,2 mois pour un taux de rendement annuel de 9,21 % en 2021, selon le baromètre du secteur. Attention toutefois à tenir compte des retards de construction et de vente des biens qui peuvent entraîner un décalage du remboursement (6,61 % en 2021) et par-là même immobiliser davantage vos deniers.
La diversification de rigueur
Malgré les bons arguments du financement participatif, il ne faut pas se tromper d’objectif. « Il s’agit d’un outil de diversification du patrimoine avec un jeu de rendement et de risques plus élevé », dixit Benoît Bazzocchi. Dès lors : « Il faut avoir déjà de l’épargne classique et sécurisée » avant de se lancer. En effet, le crowdfunding n’offre aucune garantie en capital, ce qui signifie qu’il faut accepter, et surtout pouvoir assumer, des pertes financières éventuelles, et ce, même si le taux de défaut de remboursement du secteur se limitait à 0,09 % en 2021.
Pour mettre toutes les chances de son côté, on applique donc l’adage qui veut qu’on ne mette pas tous ses œufs dans le même panier ! En clair, on n’investit qu’une partie de ses économies dans du financement participatif et on préfère miser de petites sommes sur une multitude de projets plutôt que de placer un capital important sur un seul programme immobilier. Dans l’idéal, mieux vaut aussi diversifier les plateformes d’intermédiation.