Il fait beau, l’esprit est ailleurs. Votre chapeau déjà vissé sur la tête, vous préparez vos vacances d’été. Attendez ! Voyager, c’est bien. Voyager en prenant soin de la planète, c’est mieux. Car ce n’est pas uniquement le kérosène brûlé par les avions qui pollue ou bien encore la crème solaire dans la mer. L’industrie du bagage aussi pollue et pas qu’un peu. Il n’y aurait pas moins de 400 millions de valises vendues chaque année dans le monde. Notamment des valises dites « aller-retour » et qui répondent à un usage très limité dans le temps. Soit plusieurs millions de tonnes de plastique, bien souvent peu recyclés.

C’est d’après ce constat que Julien Ehret, fondateur de la marque alsacienne de valise Dot-Drops, crée en 2008, a imaginé de commercialiser « la première valise écoresponsable au monde, faite pour durer toute la vie ». Après un appel « très encourageant » pour lancer sa campagne de financement participatif en ligne, les premières valises sont sur les rails d’assemblage en France. Elles devraient d’ailleurs être livrées d’ici une quinzaine de jours.

Quand l’écologie rime avec économie

« Près de 84 % des personnes que nous avons sondées ne réparent pas leurs valises usagées et elles sont encore plus nombreuses à ne pas les recycler, rapporte Julien Ehret. Des fois juste à cause d’une roue, d’une poignée cassée, d’une pièce détachée qui est pourtant réparable. Le marché de la bagagerie est basé sur la volumétrie. Il faut faire beaucoup de promotion, de nouvelles collections pour pouvoir les solder, c’est un rythme un peu dingue. Alors on a décidé d’agir et de créer une valise écoresponsable et durable pour consommer moins, mais mieux. »

Première valise labellisée Longtime, un label indépendant qui distingue les produits durables, « Dot-Drops est officiellement la valise la plus durable du monde » souligne Julien Ehret. Son impact environnemental est 60 % moindres qu’une valise standard, en cycle de vie, sur une durée de 20 ans. »

Du recyclage dans la valise

« Nous avons conservé notre design unique, le même depuis la création en 2008, pour rester sobre visuellement et industriellement et conserver une certaine logique. Pour minimiser l’impact environnemental, les pièces détachées sont disponibles et gratuites et peuvent être facilement remplacées par le consommateur lui-même, avec un seul et même outil. » Les valises sont assemblées dans le Bas-Rhin. Autre particularité, et « c’est une première », assure Julien Ehret, la valise est garantie 20 ans ainsi que la disponibilité des pièces détachées. Côté conception, les données de durabilité sont analysées par des laboratoires indépendants, dans le cadre d’un dispositif financé par l’Ademe. « Le but est d’avoir une idée précise du cycle de vie, et nous aider à aller encore plus loin dans l’éco conception », souligne Julien Ehret.

Le choix pour la coque ? Du polypropylène. Un thermoplastique qui a « une très bonne durabilité, très stable. Il permet aussi une meilleure valorisation dans le recyclage, avec une perte de propriété qui est assez faible par rapport à d’autres plastiques, précise Julien Ehret. Nous l’avons choisi aussi parce qu’on est sur un projet circulaire : on prend en charge la fin de vie du produit. On s’engage à les recycler. Le client aura la possibilité de nous la renvoyer, à nos frais, dans nos ateliers où elle sera démantelée. Les différents composants seront ensuite envoyés dans les bonnes filières de recyclage. »

Côté matériaux, pas de miracle toutefois, ils proviennent de Chine. « Les pièces détachées notamment, y sont produites car à l’heure actuelle on n’a pas d’alternatives industrielles. C’est très compliqué de réenclencher leur fabrication en France. L’étape suivante est d’en trouver, notamment pour la coque, sur laquelle on travaille activement. Et à terme, on vise une valise 100 % fabriquée en France. »