La bière va connaître « une hausse d’environ 5 % » cet été

La bière va connaître « une hausse d’environ 5 % » cet été

COUP DE PRESSIONToute la chaîne de production de la bière subit des augmentations… Que ressent déjà le consommateur. Et ce n’est pas fini !
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • La bière n’est pas un produit à part. Comme tous les autres, il a augmenté ces derniers mois et va continuer sur cette pente.
  • 20 Minutes a interrogé des brasseurs pour comprendre les raisons de cette hausse. Orge, houblons, carton, verre, acier, aluminium, eau, gaz… Tout ce qui est nécessaire à l’élaboration du précieux breuvage est en constante augmentation. Sans oublier les salaires des personnes qui le produisent.
  • « Est-ce que les gens continueront à boire nos produits qui ne sont pas de première nécessité une fois qu’ils auront fait leur plein de voiture ? », s’interroge un brasseur alsacien.

«Il n’y a pas un jour sans qu’un fournisseur ne nous annonce une augmentation… » Le président de la brasserie alsacienne Licorne, Dominique Baudendistel, vit une période agitée ces derniers mois. Comme ses concurrents et l’ensemble des secteurs en général, la hausse des prix n’épargne personne. La boisson alcoolisée préférée des Français est aussi plus chère depuis quelques mois. Et ce n’est peut-être pas fini ! « Sur l’année 2022, on peut parler d’une hausse d’environ 5 % pour les blondes et encore plus pour les bières spéciales », estime le dirigeant d’une entreprise qui en produit près d’un million d’hectolitres par an. Soit un petit vingtième de la production nationale.

« Moi, j’ai augmenté de 1,7 % en janvier et je vais certainement devoir y revenir », appuie Eric Trossat, de la microbrasserie bas-rhinoise Uberach. Lui aussi déplore des coûts multiples en forte augmentation. « Certains, je les comprends, mais d’autres… J’ai parfois l’impression que des fournisseurs en profitent. » C’est toute la chaîne qui est touchée. « Entre l’envolée du prix des matières premières, des emballages, du transport et de l’énergie, les coûts de production de nos entreprises explosent », déploraient ainsi, mi-avril, le syndicat des Brasseurs de France. Pour l’ensemble de la filière, l’organisation évoque des hausses « de 13 à 60 % pour la verrerie », « plus de 60 % pour l’aluminium » ou encore « plus de 20 % pour le carton ».

Des coûts d’énergie qui « ont peut-être triplé »

Dans ses locaux à Saverne (Bas-Rhin), Dominique Baudendistel confirme tous ces chiffres. « Nous nous situons dans toutes les fourchettes. Par exemple le verre, c’est beaucoup moins que 60 % ici car nous étions contractualisés, comme les plus grandes brasseries. Mais le prix de l’énergie a flambé et vu que pour produire de la bière, il faut chauffer et refroidir, ça représente des dépenses supplémentaires énormes. Nos coûts ont peut-être triplé ! »

Orge, houblons, carton, verre, acier, aluminium, eau, gaz… Tout ce qui est nécessaire à l’élaboration du précieux breuvage est en constance augmentation. Sans oublier les salaires des personnes qui le produisent. « Si vous trouvez un patron qui a réussi à éviter les augmentations, dites-moi », sourit Dominique Baudendistel, qui craint une année comptable compliquée. « Surtout après deux années de Covid-19 déjà difficile, ce devait être celle où on commençait à rembourser nos prêts garantis par l’Etat [PGE]. »

Eric Trossat, lui, parle carrément d’un exercice potentiellement « déficitaire ». « Ce serait le premier en vingt-trois ans d’existence… ». Surtout, une question préoccupe les brasseurs. « Est-ce que les gens continueront à boire nos produits qui ne sont pas de première nécessité une fois qu’ils auront fait leur plein de voiture ? » Réponse cet été, la saison où un Français consomme la majorité de ses 33 litres annuels de bière.