A LA VÔTRE« Le Ricard coule dans les veines » des Marseillais depuis 90 ans

Marseille : « Le Ricard coule toujours dans les veines » des Marseillais, 90 ans après sa naissance

A LA VÔTREBoisson emblématique de Marseille, le Ricard fête ses 90 ans et a toujours la cote dans les bars et les foies des habitants de la cité phocéenne
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • L’année 2022 marque les 90 ans du Ricard.
  • La marque vend chaque année près de 40 millions de litres.
  • A Marseille, le succès est toujours au rendez-vous dans les bars.

L’histoire a commencé il y a 90 ans, dans le quartier de Sainte-Marthe, à Marseille. Cette année-là, Paul Ricard lançait la toute première bouteille du nom du célèbre breuvage. Près d’un siècle plus tard, 41 millions de litres de Ricard ont été vendus dans le monde en 2020, et la boisson est devenue le numéro un des anisés en France avec 49 % de part de marché en volume. Un succès qui se confirme à Marseille, où la célèbre boisson jaune continue d’être servie en grand nombre et appréciée, à en croire les barmans de la Plaine, quartier festif du centre-ville de la cité phocéenne.

« On en sert toujours autant, constate Fabien, patron du Bar de la Plaine. Je passe trois cartons de 18 bouteilles chaque semaine. Sachant qu’une bouteille fait 45 verres, ça veut dire que, rien que dans mon bar, j’en sers 800 chaque semaine ! Il y a encore des amateurs. » « Le Ricard, c’est comme Marseille, sourit Philippe, l’un d’eux. Soit on aime, soit on déteste. Mais le Ricard ne laisse jamais indifférent. Mon premier Ricard, j’avais 16 ou 17 ans, et je l’ai bu avec du sirop d’orgeat, la fameuse mauresque. Je n’en prends pas tous les jours, surtout l’été, jamais l’hiver, et en apéritif avec des amis. Jamais autrement. Le Ricard, ça se partage au soleil, frais avec des glaçons. J’en prends des fois au resto, mais c’est très très rare ! »

« Je ne suis plus en mesure de m’en passer »

« J’ai découvert ce délicieux nectar jaune il y a maintenant trois ans et je ne suis plus en mesure de m’en passer, lance Paul. Le Ricard avec les collègues est devenu une règle de vie quelle que soit la température ou l’heure de la journée. A 18 heures, le petit Ricard bien tassé, bien jaune. A 21 heures, le double Ricard pour se rincer la bouche. Et même, le matin, le Ricard café pour bien démarrer une journée à rien faire. »

« Le Ricard, il coule dans nos veines, s’amuse Yannick. Mon premier Ricard, je l’ai bu avant un match de l’OM. Depuis, le Ricard pour l’avant-match, c’est obligatoire. C’est même une institution ! Il y a bien marqué pastis de Marseille, c’est un truc de chez nous, ça ! » « Dommage que vous ne soyez pas venu ce matin, sourit Carine, patronne d’un bar à La Plaine. Vous auriez vu Sauveur : il commence tous les matins à 9 heures avec un Ricard ! Les gens nous en demandent encore pas mal ! »

Les glaçons en dernier

Et pas servi n’importe comment, s’il vous plaît. « Le Ricard est différent du pastis, car dans le Ricard, il y a du caramel, rappelle Philippe. Et il faut mettre d’abord le Ricard, ensuite trois à quatre volumes d’eau et en dernier, les glaçons. Sinon, vous n’arrivez pas à gérer votre volume d’eau ! »

L’institution marseillaise séduit également au-delà de la cité phocéenne. « Je me suis installé à Marseille en 2016, explique le Rémois Jalal, attablé à un bar voisin. Quand j’habitais en champagne, je ne buvais pas trop ça. Plutôt de la bière. La première fois que j’ai bu du Ricard, c’était un mauvais souvenir. C’était lors d’une soirée étudiante. Il n’y avait plus de punch, plus rien. Alors on a pris le Ricard, et j’ai bu trois verres. Ça m’a retourné la tête. Je sentais encore le Ricard le lundi ! »

Car le Ricard peut être bon… mais il peut aussi être traître, et fait l’unanimité en ce sens. Attablé au comptoir du Bar de la Plaine, un vieux monsieur sirote son demi de pinte en ce mardi après-midi. « Ça fait longtemps que j’ai arrêté le Ricard, confie-t-il. J’en buvais beaucoup trop, une dizaine par jour. Et après, je sentais plus rien dans mon corps ! » Et d’ajouter, après quelques secondes de réflexion : « Après, je sais pas si la bière, c’est mieux… »