L’e-commerce non alimentaire a détruit 85.000 emplois en dix ans en France
PRÉCARITÉ•Une ONG dénonce l’ubérisation du marché du travail français, à la faveur des décisions gouvernementales prises pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron20 Minutes avec agences
Le développement de l’e-commerce non alimentaire a détruit 85.000 emplois en dix ans en France, selon une étude de l’ONG Les amis de la Terre. Il menace aussi la nature avec ses « entrepôts plus grands que les grands centres commerciaux ».
Rien que 3.800 emplois ont été perdus en 2019, dernière année pour laquelle des données sont disponibles. « C’est le plus grand plan social en cours actuellement en France », dénoncent Les amis de la Terre, qui a repris la méthodologie du cabinet Kavala Capital pour actualiser la précédente étude portant sur la période 2009-2018.
Les petites entreprises physiques très touchées
Selon l’ONG, 122.400 emplois ont été directement détruits en dix ans dans le commerce de détail avec le développement de la vente en ligne. Le commerce de gros a, lui, limité la casse. Les très petites entreprises de la vente de détail (7.600 emplois perdus) ainsi que le secteur de l’habillement (4.800) payent un lourd tribut.
« Jusqu’alors, la "digitalisation" des grandes enseignes de la vente physique générait des créations d’emploi », analyse Etienne Coubard, porte-parole des Amis de la Terre. « Maintenant que leur activité en ligne est développée, ces enseignes ferment leurs magasins et licencient leurs salariés pour faire face à la concurrence. »
L’ubérisation de l’emploi en ligne de mire
L’ONG s’inquiète également de l’effet du Covid-19, lorsque les données des années 2020 et 2021 seront disponibles, et d’une propagation de la casse sociale au commerce alimentaire avec l’essor des épiceries en ligne. « Le quinquennat d’ Emmanuel Macron s’est traduit par des choix incompréhensibles », juge Etienne Coubard. « Cadeaux fiscaux, soutien administratif et politique ont permis une implantation massive et rapide. Pourtant, l’e-commerce détruit les emplois à grande vitesse. »
« Le gouvernement privilégie l’ubérisation, les contrats courts et l’intérim », conclut l’ONG. « En pleine crise du pouvoir d’achat, en plus de détruire des emplois, la vente en ligne crée des emplois précaires en dessous du seuil de pauvreté. » Les amis de la Terre critiquent au passage la prolifération des sites logistiques, qui « bétonnent les champs » pour la création d’immenses entrepôts.