Energie : « Un fournisseur m’a dit que le prochain choc pétrolier, c’est maintenant »… En Alsace, la flambée du prix du fioul alarme
COUP DE POMPE•Le conflit en Ukraine mais aussi « la peur » des ménages seraient à l’origine de l'explosion de la demandeLuc Sorgius
L'essentiel
- Depuis le début du conflit en Ukraine, le cours du fioul a quasiment doublé.
- En cause, une explosion de la demande qui inquiète les professionnels du secteur.
- En Alsace, distributeurs et fournisseurs sont dans l'expectative face à cette situation inédite.
Stéphane Hirtz en a gros sur la patate, alors il préfère en rire. Depuis lundi, le Haut-Rhinois, gérant de la société de distribution de fioul Hirtz-Weniger, fait le même constat : « Il n’y a plus de produit sur le marché, et c’est maintenant que tout le monde en veut. » Résultat : une flambée historique du prix du fioul. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, le cours a quasiment doublé, passant de 1,09 à 1,81 euro.
Une hausse des prix « complètement artificielle » selon Stéphane Hirtz, qui fustige certains comportements rappelant les premiers jours qui ont suivi le premier confinement : « C’est comme avec le début du Covid, le même phénomène qui a poussé les gens à se ruer sur le PQ ou les pâtes. »
Une taxation « démesurée »
Parmi ses clients, l'Alsacien évoque « les petits vieux qui ont déjà du stock, mais qui se réapprovisionnent parce qu’ils ont peur ». Avant de relater cette discussion avec un de ses fournisseurs : « Il m’a dit que le prochain choc pétrolier, c’est maintenant… »
De son côté, Georges Jean, gérant de Distri Fioul à Geispolsheim (Bas-Rhin), a une pensée pour « les gens dans le froid ». Il en appelle au gouvernement : « La taxation est démesurée actuellement ! Tous les distributeurs constatent la même chose : certains mettent davantage qu’un salaire pour se chauffer en ce moment. »
« On ne sait pas comment ça va évoluer »
S’il ne souhaite « pas s’affoler », Olivier Boubé, directeur général de Zeller SAS, l’une des principales sociétés d’importation et de négoce de produits pétroliers en Alsace, n’est pas rassuré par la conjoncture du marché : « Tout ce qu’on voit est d’une volatilité gigantesque, c’est très compliqué à gérer. »
Pour lui, l’impact du conflit en Ukraine est « évident » sur la hausse des prix : « La cotation du brent [le cours du pétrole en bourse] est de 130 dollars le baril. En 2008, on était monté jusqu’à 140 dollars le baril, mais à l’époque l’euro était beaucoup plus fort… » Sans perspective de baisse dans l’immédiat : « Cela fait des mois que la structure du marché est défavorable et que les stocks sont assez bas. On ne sait pas du tout comment ça va évoluer. »