Alimentation : Gare aux produits français… pas si français
VIE PRATIQUE•L'origine France n'a jamais été autant plébiscitée par les consommateursJ.P. pour 20 Minutes
En cette période d'engouement pour les circuits courts, de dénonciation des effets pervers de la mondialisation, de soutien à l'économie nationale et d'affirmation du savoir-faire hexagonal, le made in France est plus que jamais en vogue… et même un peu trop. Non seulement on a tendance à prêter toutes les vertus aux produits hexagonaux - parfois à tort -, mais en plus certains professionnels en profitent pour faire passer des articles étrangers comme étant français.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a alerté sur ces pratiques frauduleuses en publiant les résultats d'une enquête de 2020 centrée sur les denrées alimentaires. Après avoir effectué 826 contrôles dans 452 établissements, les agents ont recensé un taux d'anomalie de 25 % sur les étals et près de 30 % pour les aliments présentés dans les marchés et les foires. Côté production, le taux de non-conformité s'élevait à 16 %, contre seulement 5 % au stade de la vente en gros. Mais quelles méthodes se cachent derrière ces chiffres ?
Des productions mélangées
La DGCCRF a constaté diverses techniques frauduleuses pour créer une fausse origine France des produits : étiquetage non conforme, marquage trompeur, non-respect des règles de traçabilité ou de facturation… En coulisses, en revanche, des modes opératoires apparaissent.
Dans le secteur du miel, par exemple, « des apiculteurs commercialisent à la fois leur production et du miel de négoce et en profitent pour frauduleusement augmenter leur profit par la francisation de miels étrangers », rapportent les enquêteurs. Certains professionnels ont même renoncé à leur activité apicole, tout en conservant leur ancien statut, pour revendre uniquement du miel étranger et notamment européen. Un trafic avec la Bulgarie a d'ailleurs été identifié lors de ces contrôles.
Des procédés similaires ont été constatés pour un producteur de jus de pommes, dont les produits étaient estampillés français et qui arrivaient en réalité par citernes d'Italie et d'Allemagne. Même schéma au registre des légumes non transformés pour un producteur qui mélangeait des jeunes pousses italiennes à sa production de salades pour les vendre sous le label origine France, tandis que des céleris-raves prétendument hexagonaux, venaient en réalité de Belgique. N'échappant pas à la tendance, des fruits aussi sont francisés, à l'instar de certains melons et nectarines espagnols mais aussi de poires belges et néerlandaises.