Oui, les pièces détachées sont un vrai levier « anti-gaspi »

Obsolescence programmée : Pourquoi les pièces détachées sont un nouveau levier anti-gaspi

ANTI-GASPILa réparation des appareils domestiques est aujourd’hui au cœur des politiques publiques contre la surconsommation et le gaspillage
Julie Polizzi pour 20 Minutes

Julie Polizzi pour 20 Minutes

Particulièrement coûteuse et cause de pollutions issues d’une production de masse et d’innombrables déchets, l’ère du « tout jetable » a fait son temps. Mais alors que de plus en plus de consommateurs se tournent vers des alternatives vertueuses, telles que les produits de seconde main ou issus du recyclage, le marché de la réparation avait en revanche bien du mal à décoller jusqu’ici… Sauf qu’après une première salve de mesures en 2021, la fourniture de pièces de rechange se renforce en 2022. Explications.

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D’un devoir d’information…

Voilà plusieurs années que les autorités ont déclaré la guerre à l’obsolescence programmée (comprenez une réduction volontaire de la durée de vie d’un produit). Mais si la tendance de certains équipements à tomber rapidement en panne est scrutée avec attention, il est apparu beaucoup plus efficace de miser sur la réparabilité du matériel plutôt que de tenter de prouver l’infraction. Une salve de mesures issues de la loi anti-gaspillage du 10 février 2020 a donc été mise en place dès 2021 pour permettre d’éclairer le choix du consommateur au moment de l’achat d’un équipement.

L'indice de réparabilité, qui impose un affichage sur le caractère plus ou moins réparable de cinq types de produits neufs
L'indice de réparabilité, qui impose un affichage sur le caractère plus ou moins réparable de cinq types de produits neufs - IStock / City Presse

Outre l’entrée en vigueur de l’indice de réparabilité, qui impose un affichage sur le caractère plus ou moins réparable de cinq types de produits neufs (lave-linge, téléviseurs, smartphones, ordinateurs portables et tondeuses à gazon), les fabricants ont ainsi l’obligation d’informer le vendeur, qui doit lui-même en informer le consommateur, de la disponibilité des pièces détachées. Bémol : seuls les achats en magasin sont concernés ! Plus encore, les professionnels restent libres de proposer ou non ces éléments indispensables à la réparation du produit et n’avaient, jusqu’ici, pas d’obligation de l’indiquer lorsque ça n’était justement pas le cas.

À une obligation de fourniture

Un tour de vis supplémentaire, toujours basé sur la loi anti-gaspillage de 2020, a été donné au 1er janvier 2022 : désormais, le vendeur est non seulement tenu d’informer le consommateur sur la disponibilité des pièces de rechange mais aussi sur leur non-disponibilité ! De quoi décourager l’achat et donc, on l’espère, inciter les fabricants à mettre les bouchées doubles pour fournir les éléments nécessaires à la réparation. De même, lorsque des pièces détachées sont effectivement prévues, l’industriel ou l’importateur a 15 jours pour les fournir, contre 2 mois auparavant.

les fabricants d'ordinateurs portables et de smartphones devront proposer des pièces détachées pendant toute la durée de vente de leurs modèles
les fabricants d'ordinateurs portables et de smartphones devront proposer des pièces détachées pendant toute la durée de vente de leurs modèles - IStock / City Presse

Bien que la fourniture systématique et générale de ces matériaux ne soit pas encore à l’ordre du jour, certains produits électroniques et électriques ont également passé le cap de l’obligation à travers un décret du 31 décembre 2021


Notre dossier « GASPILLAGE »

Ainsi, les fabricants d’ordinateurs portables et de smartphones doivent dorénavant proposer des pièces détachées pendant toute la durée de vente de leurs modèles et jusqu’à 5 ans après l’arrêt de leur commercialisation. Sont notamment concernés par cette mesure les batteries, écrans, connecteurs d’alimentation, chargeurs, cartes mères, radiateurs, claviers, ports, connecteurs, caméras, microphones et haut-parleurs.

Des éléments d'occasion

Développement durable oblige, ces nouvelles incitations à la réparation entendent aussi favoriser l'économie circulaire. Depuis le 1er janvier 2022, les réparateurs professionnels ont en effet l'obligation de proposer au moins une offre incluant des pièces de rechange de seconde main pour certaines catégories d'équipements. De l'électroménager, du type lave-linge, réfrigérateur et lave-vaisselle, aux ordinateurs portables, en passant par les téléviseurs ou encore les smartphones, sans oublier leurs principaux composants, tous ces équipements du quotidien peuvent ainsi être remis en état à l'aide de pièces d'occasion. Dans tous les cas, les réparateurs doivent informer leurs clients sur cette possibilité de recourir à des éléments de seconde main plutôt que neufs, en leur précisant la différence de prix et de délai.

La matériel médical concerné

Les produits électroniques ne sont pas les seuls à entrer dans l'ère de la réparation, le matériel médical aussi bénéficie de ces nouvelles mesures grâce à un décret du 16 décembre 2021 ! Depuis le 1er janvier 2022, un certain nombre d'équipements médicaux sont en effet eux aussi soumis à l'obligation de disposer de pièces détachées pendant les 5 années qui suivent l'arrêt de leur commercialisation. De même, les réparateurs doivent proposer au moins une offre de pièces de rechange d'occasion pour les fauteuils roulants, déambulateurs et autres scooters électriques dédiés aux handicapés physiques, les cannes, tensiomètres, thermomètres électriques, verticalisateurs, appareils soulève-malade, sièges coquille ou encore les fauteuils modulaires.