Transports : Le PDG de la SNCF demande plus de moyens pour le ferroviaire, qui est peu polluant
LA MOULA•Les transports représentent en France 31 % des émissions de CO2, et le train, qui assure 10 % des transports, seulement 0,3 %20 Minutes avec AFP
Côté émission, le train est le bon élève des transports. Avec cet argument en poche, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou appelle à la « mobilisation générale » pour donner au ferroviaire les moyens de doubler le nombre de voyageurs et de marchandises.
« C’est avec la casquette de patron du système ferroviaire français que je m’exprime », précise-t-il dans un entretien à l’AFP, « à quelques semaines d’une élection présidentielle dont le résultat sera décisif pour notre pays ».
« Il faut agir, et agir vite ! »
Sa prise de parole, publiée jeudi par la Fondation Jean-Jaurès, est aussi selon lui « l’expression d’un citoyen qui pense que le ferroviaire peut vraiment contribuer à la solution face au défi climatique, à l’aménagement du territoire, à la relance industrielle et à l’emploi ».
« Sans un report modal fort de la route vers le train, l’objectif de l’accord de Paris sera inatteignable », plaide-t-il. « Il faut être très volontariste sur le sujet (…). Il faut agir, et agir vite ! »
Le train, allié du climat
Les transports représentent en France 31 % des émissions de CO2, et le train, qui assure 10 % des transports, seulement 0,3 %. Doubler la part du train permettrait de réaliser entre le quart et le tiers de l’effort de décarbonation des transports auquel s’est engagée la France d’ici à 2030. Le train devenant lui-même plus propre.
Avec un « acte II » à engager pendant le prochain quinquennat, l’acte I étant la réforme ferroviaire de 2018 qui a, insiste-t-il, permis d’assainir les finances de la SNCF et de clarifier les règles de concurrence. Outre les chantiers en cours pour rénover les petites lignes ou réfléchir à des trains légers.
« Il faut créer des lignes »
Pour le fret, l’ambition de doubler d’ici à 2030 la part du rail de 9 à 18 % du transport de marchandises a été endossée par le gouvernement et inscrite dans la loi, 18 % étant la moyenne européenne actuelle, que Bruxelles veut entre-temps porter à 30 %.
Le patron de la SNCF s’était fixé le même objectif de 2030 pour un doublement du trafic voyageurs, mais il l’a maintenant un peu retardé : « il faut monter en puissance, créer des lignes », dit-il. « C’est pour ça qu’on s’est donné une perspective un peu plus large, dans la décennie 2030. »
Plusieurs dizaines de milliards
Jean-Pierre Farandou cite pêle-mêle la construction d’une commande centralisée du réseau pour remplacer les vieux postes d’aiguillage, le déploiement d’une signalisation plus performante, « la transformation des TER en RER dans les 13 grandes métropoles », le programme fret et la construction de nouvelles lignes, comme Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, Montpellier-Perpignan ou l’axe Marseille-Nice. Sans oublier les nouveaux trains nécessaires, forcément plus verts.
Avec un effort particulier à fournir dans les zones rurales, afin d’offrir une alternative à la voiture individuelle. Au bout du compte, la facture atteindrait plusieurs dizaines de milliards d’euros, même si Jean-Pierre Farandou souligne qu’il « ne (fait) pas les additions ». Il note au passage que les pays voisins investissent beaucoup plus que la France dans le rail.