G20: que va-t-il se passer?
LONDRES•Les dirigeants parleront relance et réforme du système financier à l'échelle mondiale...Maud Descamps (avec agence)
Parviendront-ils à réécrire les règles de la finance internationale? Les dirigeants du G20 se réunissent jeudi à Londres pour un sommet d'une journée censée marquer un point décisif contre une crise historique. Mais l'ambition d'une réponse commune risque de se heurter à des divergences entre priorités américaines et européennes. 20minutes.fr fait le point sur les enjeux d'un sommet très attendu.
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Un contexte économique et social tendu
La réunion, qui regroupe des pays concentrant 90% de la richesse mondiale, a lieu dans des conditions encore plus difficiles que le premier sommet consacré à la crise le 15 novembre dernier à Washington. Le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoyait alors une croissance mondiale de 2,2% en 2009, prédit désormais une récession avec une contraction de 1% du PIB mondial.
Le sommet va-t-il décider une nouvelle relance?
Pour contrecarrer une récession dont personne ne connaît l'ampleur ni la durée, les Américains sont favorables à toujours plus de relance. Ce sera le message de leur nouveau président Barack Obama qui participera à son premier G20 et fera ses premiers pas en Europe. Une position soutenue par le Royaume-Uni.
De son côté, l'Europe continentale, Allemagne et France en tête, s'inquiète du gonflement des déficits publics. Avant de faire de nouveaux efforts, ces pays préféreraient attendre de voir le résultat de l'injection dans les banques et l'économie mondiale de milliers de milliards de dollars.
Cette vision pourrait l'emporter. Selon un projet de communiqué final que s'est procuré lundi le Financial Times, les dirigeants ne promettront pas de nouveau plan de relance de l'économie. Le texte, en 24 points, estime que les mesures de relance déjà en oeuvre vont permettre une hausse de deux points de la croissance mondiale et la création de plus de vingt millions d'emplois.
Quelle réforme globale du système économique?
L'ampleur de la crise a entraîné de profondes remises en cause du système économique, notamment de la finance. Parmi les principaux points qui seront abordés:
- les paradis fiscaux. A l'initiative de la France et de l'Allemagne, une place importante leur sera réservée. Mercredi matin, sur Europe 1, Nicolas Sarkozy a rappelé que ce sujet était au coeur de ses préoccupations. La menace d'une «liste noire» a déjà poussé certains pays à assouplir leur secret bancaire.
- une régulation des fonds spéculatifs et des agences de notation, accusées d'être responsables de la crise, sera discutée. Mais jusqu'où ira-t-elle?
- la suprématie du dollar, en revanche, ne sera pas remise en cause, malgré les demandes de la Chine.
- les bonus seront également sur la sellette, le projet de communiqué estimant que la rémunération des dirigeants de société doit «récompenser une performance effective, soutenir une croissance durable et éviter la prise de risque excessive.»
- le rejet du protectionnisme: les pays émergents, surtout, exportateurs de premier plan, craignent un repli des pays riches qui les mettrait en difficulté.
- accroître les ressources du FMI semble faire consensus, réformer en profondeur l'institution risque d'être seulement évoqué...
Réelles décisions ou déclarations d'intention?
Peu de mesures concrètes sortiront du sommet. Pour ne fâcher personne, le G20 devrait surtout rappeler les engagements pris et promettre de faire plus si nécessaire. «Nous sommes déterminés à faire en sorte que cette crise ne se répète pas», promettent-ils dans le projet de communiqué.
Une autre réunion déjà programmée à l'automne…
Le G20 de Londres ne suffira pas à établir une feuille de route détaillée. Le Premier ministre britannique Gordon Brown «n'exclut pas» la tenue d'un autre sommet du G20, après celui-ci, a indiqué lundi son porte-parole.
De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a prévenu que l'étendue des chantiers était telle qu'il faudrait «assurément devoir nous réunir à nouveau». Une réunion d'automne pourrait être annoncée, peut-être au Japon ou à New York, en parallèle de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre.