Dans les Vosges, une entreprise développe le premier jean recyclé
RESURRECTION•Le vêtement est fabriqué à partir des fibres de coton récupérées sur de vieux jeans rapportés par des clientsLuc Sorgius
L'essentiel
- 20 Minutes est partenaire, avec l’ONG Reporters d’Espoir, du Train de la Relance, qui a fait étape ce jeudi à Strasbourg, avant de poursuivre sa route à Caen ou Orléans, puis de s’envoler en Corse et outre-mer.
- A cette occasion, nous vous faisons découvrir Tissage de France, une entreprise située à Rupt-sur-Moselle, dans les Vosges, qui est en passe de créer le premier jean recyclé fabriqué à partir de vieux jeans.
- Le projet est porté par la marque de jeans 1083, qui souhaite relocaliser en France l’intégralité des étapes de production, de la transformation au produit fini.
Pour produire son propre coton, Thomas Huriez avait deux choix : « Le premier, c’est d’accélérer le réchauffement climatique en France. Le second, c’est de réutiliser les vieux vêtements que l’on jette et le coton issu de cette surconsommation de vêtements. » Il sourit : « Evidemment que l’on a choisi la seconde option. »
Le président et cofondateur de la marque de jeans 1083 n’est pas peu fier. Dans l'usine Tissage de France située à Rupt-sur-Moselle au cœur des Vosges et qu’il a rachetée en 2018, l’entrepreneur a mené à bien un projet lancé en 2016 : celui « d’industrialiser la production de fil recyclé en mélange issu de vieux jeans ».
Une commercialisation « au printemps 2022 »
Cinq ans plus tard, le premier jean labellisé « Moncoton », le nom de l’initiative, va être présenté lors du prochain salon du Made in France MIFEXPO, en novembre à Issy-les-Moulineaux. « Ce sera le premier jean recyclé à partir des vieux jeans de nos clients, et nous souhaitons lancer sa commercialisation au printemps 2022 », s’enthousiasme Thomas Huriez.
Développé « sur des volumes artisanaux pour le moment », le process se décompose en trois grandes étapes, explique le repreneur de Tissage de France : « D’abord, on opère un tri sélectif en ne choisissant que des jeans, car le fil est déjà bleu et majoritairement en coton. »
La deuxième phase consiste en « un processus mécanique inversé, qui consiste à démonter le vêtement de façon industrielle et précautionneuse afin de libérer la fibre de coton sans l’abîmer. »
Enfin arrive la fameuse étape de la recomposition d’un jean tout neuf. « On repose le fil en filature pour le recarder et le refiler », complète Thomas Huriez. Un processus qui nécessite une certaine adaptation « car les fibres récupérées sont plus courtes » : « On fait un tri pour garder les plus longues. Et parfois, on tisse deux fils fins ensemble, ce qui le rend plus costaud qu’un fil unique de même diamètre. »
« Rien de breveté »
Pour le fondateur de 1083, la démarche « Moncoton » s’inscrit dans une volonté « de relocaliser toutes les étapes de production en France, de la transformation jusqu’au produit fini ». « Il n’y a rien de breveté dans cette démarche, poursuit Thomas Huriez, puisque notre objectif est de proposer des solutions pour développer l’économie locale et protéger l’environnement ».
Pour ce qui est de l’économie locale, le projet semble porter ses fruits : Tissage de France s’apprête à accueillir « 20 salariés supplémentaires entre novembre et janvier 2022, avec la création d’un atelier supplémentaire de jeans ».