Rémunération des fonctionnaires : Le gouvernement défend sa politique de ciblage et réfléchit à une refonte complète du système
POUVOIR D’ACHAT•Le point d’indice, qui sert de base au calcul de la rémunération, reste geléNicolas Raffin
L'essentiel
- Les syndicats de fonctionnaires avaient rendez-vous ce mardi avec leur ministre pour parler salaire.
- Amélie de Montchalin leur a notamment annoncé une revalorisation des salaires des agents de catégorie C.
- Une conférence va également s’ouvrir en juillet pour discuter plus largement de la structure des rémunérations des 5,5 millions d’agents publics.
Une petite satisfaction, et beaucoup de frustration. Les syndicats de fonctionnaires avaient des sentiments mitigés ce mardi, au sortir de leur réunion au ministère de la Fonction publique, pour parler rémunération et pouvoir d’achat. Car il n’y a pas eu de surprise. Quelques heures auparavant, Amélie de Montchalin, leur ministre de tutelle, annonçait sur RMC une hausse de salaire ciblée comprise entre 40 et 100 euros mensuels nets pour les agents de catégorie C (les moins bien payés), et ce à partir de 2022.
Elle a en revanche rejeté la principale demande des syndicats, à savoir l’augmentation du point d’indice (qui détermine la base de la rémunération des agents), gelé depuis quasiment dix ans. Sur les marches du ministère, les propos des syndicalistes étaient donc très contrastés. « Les mesures annoncées sont très partielles, même si le fait d’avoir ciblé les bas salaires est plutôt positif », analyse Benoit Teste, de la FSU (enseignants). « Il y a des mesures plutôt engageantes et plus importantes que ce qu’on a connu dans les années passées », juge de son côté Mylène Jacquot (CFDT). Christian Grolier (Force ouvrière) estime en revanche qu’il y aura « beaucoup de déçus », même parmi les agents de catégorie C.
Du ciblage plutôt que des mesures générales
Les syndicats ont en effet pointé un petit artifice utilisé par le gouvernement. Pour parvenir à l’augmentation annoncée de « 40 à 100 euros nets mensuels », l’exécutif a inclus dans son calcul les 15 euros de la prise en charge par l’État d’une partie de la complémentaire santé. Or, cette prise en charge ne concerne pas encore tous les agents de catégorie C de la fonction publique territoriale (FPT) ou hospitalière (FPH). Pour ces deux versants, l’augmentation prévue sera donc comprise entre 25 et 85 euros mensuels nets en 2022.
Pas de quoi désarçonner Amélie de Montchalin. Devant la presse, la ministre de la Fonction publique a rappelé que de nombreuses catégories de fonctionnaires avaient récemment bénéficié d’augmentation de salaires, comme les soignants avec le Ségur de la Santé, ou encore les enseignants et les policiers. Cette stratégie de ciblage choisie par l’exécutif est donc pleinement assumée. Selon la ministre, une revalorisation générale via le point d’indice serait « inéquitable » – les fonctionnaires les mieux payés auraient les plus grosses augmentations – et « coûteuse » – 2 milliards d’euros annuels au minimum.
Un « big-bang » des rémunérations ?
Poursuivant sur sa lancée, le gouvernement va d’ailleurs lancer dans les prochains jours une « conférence sur les perspectives salariales » des fonctionnaires. D’ici à février 2022, il va s’atteler avec les partenaires sociaux à réfléchir à des réformes sur la structure des rémunérations. Aujourd’hui, ces dernières dépendent de la catégorie (A, B ou C), mais aussi des grades et des échelons. A emploi égal, elles peuvent même varier d’un ministère à l’autre. Ce système est jugé « à bout de souffle » par Amélie de Montchalin, qui voit également dans cette discussion l’opportunité de rendre la fonction publique plus attractive.
« Quand vous avez des postes vacants dans des métiers essentiels, vous devez vous poser des questions, a-t-elle affirmé. Accélérer les carrières, raccourcir le temps pour accéder à un échelon supérieur, c’est essentiel pour garder la motivation des agents. Notre enjeu, c’est aussi de pouvoir dire aux jeunes qui arrivent dans la fonction publique qu’ils peuvent progresser en salaire ».