Sidérurgie : Ascoval et Hayange repris par le groupe allemand Saarstahl
EMPLOI•La cession des deux usines devrait intervenir dès ce mois de juillet20 Minutes avec AFP
Le groupe sidérurgique allemand Saarstahl a confirmé vendredi la conclusion d’un accord de principe pour le rachat des sites français en difficulté d’Ascoval et d’Hayange, un rachat qui pourrait être effectif à la fin juillet. Saarstahl et sa société-mère SHS (Stahl-Holding-Saar) ont « obtenu un accord de principe, jeudi 1er juillet, de Liberty Steel France Holding », qui « ouvre la voie » à l’acquisition des deux sites, a indiqué la société dans un communiqué.
La conclusion de cet accord avait déjà été annoncée jeudi soir par le ministère français de l’Économie, mais elle avait été suivie par une déclaration de la maison mère de Liberty Steel, GFG Alliance, suggérant que le groupe ArcelorMittal était toujours dans la course. « Liberty Steel Group a présenté au tribunal de commerce plusieurs options pour assurer l’avenir de Liberty Steel France (LSF), qui inclut Liberty Ascoval et Liberty Rail Hayange », avait expliqué un porte-parole de GFG. De son côté, ArcelorMittal n’a pas souhaité faire de commentaire.
Deux usines liées
En mai, Liberty Steel, propriétaire depuis moins d’un an de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) et de l’usine de rails d’Hayange (Moselle), avait annoncé chercher des repreneurs, du fait de difficultés financières rencontrées par son patron, le magnat britannique Sanjeev Gupta, et sa holding familiale GFG Alliance. Le groupe cherche désespérément des fonds depuis la faillite en mars de la société financière Greensill Capital, son principal créditeur. Vendredi, Saarstahl s’est dit « pleinement mobilisé aux côtés de toutes les parties et des équipes d’Ascoval et d’Hayange pour réaliser cet accord d’ici à la fin de l’été 2021 », indique un communiqué.
Selon une source proche du dossier, le transfert de propriété pourrait avoir lieu avant la fin juillet, voire sous une quinzaine de jours. Avec 270 salariés, Ascoval produit des « blooms » (barres d’acier) pour Hayange (430 salariés), qui fabrique des rails en acier ensuite destinés aux principaux réseaux ferrés européens, notamment SNCF Réseau et la RATP. Il y a une semaine, l’intersyndicale avait appelé le gouvernement à valider le projet de Saarstahl plutôt que celui d’ArcelorMittal, jugeant « sans hésiter » cette offre « en tout point meilleure » et privilégiant « un groupe à taille humaine qui nous laissera une autonomie économique, sociale et industrielle ».
L’intersyndicale ravie
« Bienvenue à notre nouvel actionnaire ! » : l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, FO et CGT d’Hayange a dit se « féliciter de cette issue » vendredi. Le groupe allemand a pour nous le dossier le plus solide industriellement et financièrement mais surtout amènera plus de stabilité dans notre entreprise et nos emplois », estime-t-elle, tout en se disant « vigilante quant à la suite des opérations : investissements, emplois et plan d’embauche, trésorerie injectée immédiatement, ou nouveaux marchés que Saarstahl souhaiterait reconquérir ».
Selon une source proche du dossier, Saarstahl proposait 3 millions d’euros pour l’achat des deux sites, et plus de 40 millions d’euros à injecter en investissements, ainsi que 45 millions de reprise de dette. Cet accord, « qui fait émerger un nouvel acteur européen, est une très bonne nouvelle pour l’avenir de la filière sidérurgique française et pour les salariés des deux sites », avait commenté jeudi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. « Il concrétise notre engagement sans faille auprès d’eux pour assurer la pérennité de leur emploi et de cette activité stratégique pour la France », avait-il ajouté.