INTERVIEW« L’apprentissage, un avantage certain pour commencer à travailler »

Emploi : « L’apprentissage apporte un avantage certain pour commencer à travailler »

INTERVIEWCéline Gasquet, directrice scientifique du Céreq, analyse le fait d’être apprenti dans la perspective d’un premier emploi
Propos recueillis par Coraline Mercier

Propos recueillis par Coraline Mercier

L'essentiel

  • Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) s’intéresse, dans une analyse publiée cette semaine, à l'entrée sur le marché du travail des jeunes. Et plus particulièrement des apprentis.
  • Les deux auteurs, Céline Gasquet et Thomas Couppié, se sont appuyés sur les données de l’enquête Génération, réalisée entre 2010 à 2013.

L’apprentissage est-il un moyen sûr d’obtenir un premier emploi en CDI ? Le Céreq s’est intéressé cette semaine, dans un point d’analyse, au poids de la formation en apprentissage dans l’obtention d’un job en contrat à durée indéterminé. Permet-elle de s’insérer plus rapidement et durablement dans le monde du travail ? Y a-t-il des différences entre l’apprentissage au lycée et en études supérieures ?

Céline Gasquet, directrice scientifique du Céreq et coautrice de ces travaux, a répondu aux questions de 20 Minutes.

L’apprentissage est-il réellement un tremplin vers l’obtention d’un CDI ?

L’idée de (notre) travail est de se demander d’où provient la plus-value de l’apprentissage dans l’insertion professionnelle. Tous les travaux statistiques montrent que l’apprentissage apporte « un avantage » certain pour commencer à travailler.

On voulait surtout voir l’effet en termes de statut, de contrat de travail lorsque l’entreprise du premier emploi est celle connue en formation. Dans ce cas, la probabilité qu’un jeune apprenti en CAP obtienne ce premier emploi en CDI est de 43 %, alors que par la voie scolaire, elle n’est que de 21 %.

Aux yeux des employeurs, les périodes de stages en entreprise de la voie scolaire n’ont peut-être pas la même valeur que le temps long passé par l’apprenti dans l’entreprise formatrice.

Quelle est la différence entre un apprentissage dans le secondaire et en études supérieures ?

Dans le secondaire, la formation en apprentissage est bien souvent stigmatisée, renvoyée aux élèves ayant un niveau scolaire faible. La donne change complètement dans le supérieur. L’apprentissage se fait par sélection des meilleurs éléments et constitue en quelque sorte une voie d’excellence.

D‘ailleurs, si on observe que la probabilité pour un apprenti du supérieur (BTS/DUT/Licence professionnelle) de rester dans son entreprise formatrice est proche de 50 %, elle est seulement de 31 % pour les apprentis issus d’un Bac pro et de 25 % pour ceux sortants d’un CAP.

La proximité entre l’entreprise et l’élève joue-t-elle un rôle majeur ?

Elle se joue sur deux niveaux : la proximité entre l’apprenti et l’entreprise, et celle entre la spécialité de la formation et le métier. Elle joue notamment un rôle majeur pour les apprentis du secondaire (CAP Bac Pro) dans leur accession au CDI. Par contre, pour les apprentis du supérieur, ces proximités ne sont pas déterminantes : dans tous les cas, ils obtiennent plus fréquemment un premier emploi en CDI que les scolaires.

La crise liée à l’épidémie de Covid-19 a-t-elle changé la donne ?

Dans le passé, nous avons déjà montré, par exemple, le rôle protecteur que peut avoir le diplôme face au chômage par temps de crise, grâce à nos enquêtes Génération. On voit que les jeunes passent moins de temps en emploi.

Le Céreq a d’ores et déjà lancé plusieurs enquêtes pour mesurer l’impact de cette crise inédite sur les processus d’insertions professionnelles des jeunes, mais aussi sur leurs aspirations professionnelles en ces temps incertains. Nous commencerons à en publier les premiers résultats au cours du second semestre 2021.