ARGENTComment la vente avec faculté de rachat fonctionne-t-elle ?

Comment la vente avec faculté de rachat fonctionne-t-elle ?

ARGENTVous avez besoin de cash de toute urgence ? Il est possible de vendre sa maison ou sa voiture pour obtenir l’argent nécessaire, tout en se réservant la faculté de racheter son bien dans un délai défini
Julie Polizzi pour 20 Minutes

Julie Polizzi pour 20 Minutes

Si le crédit à la consommation est l’opération la plus courante pour pallier un manque de fonds, elle ne convient ni à toutes les bourses ni à toutes les situations. Plus confidentielle, la vente avec faculté de rachat peut alors être une solution dans certaines conditions bien précises.

Une cession spécifique

C’est le Code civil qui pose le cadre légal en la matière. Plutôt que d’obtenir l’argent nécessaire grâce à un crédit, il s’agit ici de vendre un bien de valeur à travers un contrat spécifique vous octroyant la faculté de le racheter plus tard au même prix, mais augmenté de certains frais de garde et de gestion, dans un délai déterminé que la loi a limité à cinq ans. C’est ce qu’on appelait autrefois la « vente à réméré », avant que le législateur ne supprime l’expression en 2009 pour lui préférer celle de « vente avec faculté de rachat ».

À première vue, cette pratique est assez similaire au prêt sur gage, qui consiste à mettre ses bijoux, tableaux ou montres en garantie. La finalité est d’ailleurs la même, puisqu’il s’agit dans les deux cas d’obtenir des fonds rapidement grâce à ses possessions. De même, au-delà du délai imparti (deux ans en général pour le prêt sur gage), les biens concernés seront vendus à des tiers. Néanmoins, le statut juridique de ces transactions est complètement différent, puisqu’en France, le service de prêt sur gage est un monopole des caisses du Crédit municipal (l’ancien Mont-de-piété), tandis que la vente avec faculté de rachat relève d’un contrat commercial privé.

Un public de niche

Très marginale en France, cette cession sous condition est proposée par une poignée d’intermédiaires spécialisés dans deux types de marchés distincts : les voitures et l’immobilier. Il s’agit donc, selon les cas, d’obtenir quelques milliers ou plusieurs centaines de milliers d’euros. Dès lors, ce type d’opération s’adresse nécessairement à un public de niche. La vente avec faculté de rachat immobilière (réalisée devant notaire, comme pour une vente classique) peut permettre à un propriétaire ayant subi de gros coups durs de sortir d’une situation de surendettement en obtenant par exemple la levée d’une interdiction bancaire pour rebondir. C’est alors un bon moyen de restructurer ses dettes et d’éviter une saisie.

De son côté, la vente à réméré automobile peut donner un coup de pouce à un moment crucial. « Cette formule cible notamment les petits entrepreneurs qui font face à une difficulté temporaire consécutive à des impayés », explique Cédric Domeniconi, président de Fineocar, l’une des rares sociétés à exercer sur le marché français en rachetant des autos valant plus de 7.000 euros. Et le dirigeant suisse (l’entreprise propose ses services dans les deux pays) de poursuivre : « Nous aidons aussi des personnes qui se lancent dans un projet et qui ont besoin d’une avance de fonds en attendant la validation de leur crédit bancaire, ou encore celles en manque de trésorerie entre deux transactions immobilières. »

Des frais importants

Cette faculté de racheter ses possessions après un retour à une meilleure fortune a toutefois un prix. Dans le cas d’un bien immobilier, il faut en effet pouvoir rembourser le tarif initial de la vente, mais aussi les frais engagés dans le cadre de la transaction. C’est la raison pour laquelle l’opération se déroule en général sur plusieurs années, le temps d’une remise à flot. La faculté de rachat se limite en revanche à trois mois renouvelables pour les véhicules acquis par Fineocar, puisqu’il s’agit de répondre à un manque de trésorerie temporaire. Ce qui n’empêche pas l’ajout de frais de prise en charge, de stationnement et d’assurances en plus du prix du véhicule.

À titre d’exemple, pour une Audi A6 estimée à 14.567 euros (les autos sont achetées entre 50 et 70 % de leur valeur), l’automobiliste percevra 13.000 euros lors du dépôt (1.567 euros de frais sont directement déduits) et devra débourser 15.340 euros pour la récupérer au bout de trois mois. Chaque prolongement de contrat fera augmenter la facture.