Comment la fermeture des écoles désorganise les entreprises

Confinement : Comment la fermeture des écoles désorganise les entreprises

SYSTEME DLes absences pour garde d’enfants risquent de se multiplier, les entreprises vont forcément devoir faire face à une baisse de leur activité
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • Emmanuel Macron a annoncé mercredi la fermeture des écoles pour une semaine et une réorganisation des vacances scolaires de printemps.
  • En seulement quelques jours les entreprises doivent s’organiser face à des absences qui s’annoncent nombreuses.
  • Patronat et DRH veulent croire que c’est le dernier coup de reins avant le retour à une vie plus normale.

La fermeture des écoles, ça n’est pas que le cauchemar des parents, c’est aussi celui des entreprises. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le gouvernement les a laissés ouvertes aussi longtemps. Au-delà des questions fondamentales du bien-être psychique des enfants et des difficultés de l’apprentissage à distance, la fermeture des écoles désorganise les entreprises. Parce que les parents sont nombreux et nombreuses à demander des congés, des arrêts voire du chômage partiel pour garde d’enfant. « L’année dernière, ça a été un phénomène massif, le nombre de parents arrêté est monté très très haut à un moment », se souvient encore Eric Chevée, vice-président de la Confédération des Petites et moyennes entreprises (CPME), auprès 20 Minutes.

Pour l’instant, on retient encore sa respiration. Les remontées de terrain ne sont pas encore là, les écoles ne ferment effectivement que mardi, au lendemain du lundi de Pâques férié. Mais chat échaudé craint l’eau froide : les entreprises ont déjà vécu une telle situation, et à plus grande échelle, lors du premier confinement. L’expérience est là. « On peut s’appuyer sur ce qui a été fait l’année dernière, notamment sur la mise en place de l’activité partielle. Beaucoup d’entreprises, de responsables des ressources humaines n’avaient jamais fait appel à l’activité partielle », rappelle à 20 Minutes Audrey Richard, présidente de l’Association nationale des DRH (ANDRH).

Pas la même situation qu’au printemps 2020

Quoi qu’il arrive la période qui vient va être synonyme de ralentissement de l’activité. « Toute absence dans une structure est préjudiciable et plus c’est une petite structure, plus c’est préjudiciable », détaille le responsable syndical des petites entreprises. De toute façon, au regard des annonces présidentielles, les entreprises n’ont pas tellement le choix. « Il va y avoir une acceptation d’une activité dégradée mais le seul sujet des entreprises c’est de poursuivre le business », juge Audrey Richard.

La situation de cette année est un peu différente de celle de l’année dernière néanmoins. En 2020, au moins au début du premier confinement, l’activité économique était extrêmement ralentie, voire presque arrêtée. Le BTP, l’industrie étaient quasiment à l’arrêt. A tel point que l’immense désorganisation liée au confinement et à la fermeture des écoles était presque moins préjudiciable. Aujourd’hui, l’économie est loin d’être à l’arrêt malgré le « mode dégradé », la désorganisation n’aura pas les mêmes conséquences.

« Il faut s’en remettre à l’immense imagination du chef d’entreprise »

Comment s’organiser ? Dans les plus grandes entreprises on a plus de chances de trouver un responsable RS mais pas toujours un service. Pour faire face à l’isolement, la solidarité est de mise, et c’est le job de l’ANDRH (association nationale des DRH) en général. Mais depuis un an, avec la distance, c’est plus par groupes What’s app que les bonnes pratiques se partagent. « Je peux vous garantir que c’est un truc de dingue. Dès que quelqu’un a une difficulté il peut envoyer sa question et dans la seconde il y a une question. Il y a une énorme solidarité », décrit Audrey Richard.

Dans les petites entreprises ce n’est jamais simple car peu de postes sont interchangeables et même si on fait appel à de l’intérim, former quelqu’un, qui plus est pour quelques jours seulement, n’est pas évident. « Il faut s’en remettre à l’immense imagination du chef d’entreprise, son réseau, des anciens stagiaires, les anciens de l’entreprise… », note Eric Chevée. Mais le bricolage trouvera vite ses limites.​ « Là, c’est absolument essentiel que ça n’aille pas au-delà des vacances de printemps et je crois que l’exécutif l’a bien compris », explique Eric Chevée.

Si on en croit nos deux interlocuteurs, tout cela ne tient peut-être pas à un fil mais au moins à la fin de l’allocution d’Emmanuel Macron. L’horizon, l’espoir donné par le président de la République, il n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. « On ressent vraiment dans les remontées que ce qui nous fait tenir c’est que c’est le dernier petit effort à faire », relate Audrey Richard. Et la contrepartie, en quelque sorte, de l’effort demandé aux entreprises, pour Eric Chevée, c’est « une efficacité sans faille de l’Etat sur la vaccination ». Rendez-vous début mai pour confirmer que c’était bien le dernier coup de reins.