Un audit envisage le pire pour Lapeyre en cas de reprise par Mutares

Lapeyre : Un audit voit dans la reprise par Mutares un « redressement judiciaire quasi certain »

CRISESaint-Gobain, propriétaire de la marque depuis 1996, a annoncé en novembre être en négociations exclusives avec le fonds Mutares afin de lui céder la chaîne de magasins
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Un rapport du 22 mars pose des questions sur l’avenir de Lapeyre. La reprise de l’entreprise par le fonds d’investissement allemand Mutares, dont le profil est « particulièrement inquiétant », présente un « risque quasi certain de redressement judiciaire », assurent les experts qui ont audité l’entreprise de menuiserie à la demande des élus du personnel.

Dans leur étude, communiquée samedi à la presse, le verdict des experts est sans appel. Selon eux, Mutares « n’a pas démontré, depuis son installation en France, sa capacité à redresser les entreprises ». « Nous démentons fermement les informations diffusées ce jour », a pour sa part réagi Philip Szlang, président de Mutares en France. « Nous sommes confiants dans notre capacité à redresser et relancer Lapeyre et n’envisageons en aucun cas un redressement judiciaire ».

Des emplois menacés

L’offre de reprise « s’appuie sur une lecture et une analyse approfondies du marché et de l’entreprise. Mutares entend accompagner les équipes en place pour assurer la pérennité et développer l’enseigne comme elle l’a fait récemment par exemple pour ses participations Norsilk et Cenpa, dont les redressements ont été des succès et les résultats sont aujourd’hui positifs », a ajouté Philip Szlang.

Le groupe de matériaux de construction et de distribution Saint-Gobain, qui a acquis Lapeyre en 1996, a annoncé en novembre être entré en négociations exclusives avec Mutares afin de lui céder sa chaîne de magasins spécialisés depuis 1931 dans l’aménagement de la maison. Le rapport indique que plus de 700 suppressions d’emplois, dont 112 dès 2021 et 583 en 2022, pourraient avoir lieu dans le groupe de 3.500 salariés : 434 emplois dans la branche production en raison de la fermeture de quatre des dix usines et 279 dans la distribution après la fermeture de 19 magasins sur les 131 du groupe.

La méthode de Mutares critiquée

« Les solutions de Mutares reprennent les principales recettes qui ont échoué au cours des quinze dernières années », poursuivent les experts, avant de critiquer la méthode de Mutares, dont le bilan est « catastrophique ». Son « modèle de développement est basé sur la recherche de cibles à forts profits sur acquisition : 13 entreprises reprises dont 5 ont été placées en redressement ou liquidation judiciaire et 7 sont encore en portefeuille avec des résultats déficitaires pour la plupart », assurent-ils.

Le tribunal judiciaire de Bobigny a par ailleurs débouté jeudi le Comité social et économique (CSE) central de Distrilap, filiale du groupe Lapeyre, de sa demande de pièces complémentaires relatives à la cession, mais a ordonné à l’entreprise de transmettre les offres « non noircies » des candidats malheureux Verdoso et Cevital. Le premier est un fonds de retournement qui a « prouvé sa capacité à redresser les entreprises » tandis que le deuxième est « un industriel algérien reconnu qui a réussi le redressement d’Oxxo, ex-filiale du groupe Lapeyre », indique le rapport des auditeurs.