Lien social, écologie… Pourquoi l’habitat participatif a le vent en poupe
IMMO•Souvent négligé, le vivre-ensemble revient en forceJ.P. pour 20 Minutes
Si l’acquisition d’un bien immobilier reste le rêve numéro un des Français, de plus en plus de citoyens font également valoir leur envie de vivre de façon plus écologique et de nouer davantage de lien social. Aux antipodes des quartiers et immeubles où personne ne se connaît, il s’agit dès lors de s’investir à plusieurs dans la conception et la gestion de logements sur mesure donnant une place de choix aux espaces collectifs. C’est ce qu’on appelle l’habitat participatif.
Une législation tardive
Très en vogue chez certains de nos voisins européens, ce mode d’habitation alternatif représente 15 % du parc immobilier norvégien et 5 % du parc suisse. Mais c’est Tübingen, en Allemagne, qui détient le record absolu, puisque plus de 80 % des logements neufs y sont construits en habitat participatif. À l’inverse, la France a pris le train en marche tardivement et a longtemps tâtonné sur le sujet, faute d’un montage juridique adéquat.
C’est finalement la loi Alur du 24 mars 2014 qui a créé le cadre à l’essor de ce mouvement. Depuis, l’habitat participatif est défini comme « une démarche citoyenne qui permet à des personnes de s’associer afin de participer à la définition et à la conception de leurs logements et des espaces destinés à un usage commun, de construire ou d’acquérir un ou plusieurs immeubles destinés à leur habitation et, le cas échéant, d’assurer la gestion ultérieure des immeubles construits ou acquis ».
Le collectif plébiscité
Loin d’être fantaisiste, cette formule, de plus en plus soutenue par les collectivités territoriales, repose sur une envie de vivre autrement, en communauté et dans un esprit de développement durable. Le plus souvent, ces projets misent en effet sur des sources de chaleur renouvelables, des matériaux responsables ou encore une bonne gestion des déchets. Dans ce cadre, les espaces verts ne servent pas non plus qu’à faire joli, mais sont de véritables lieux d’échange, de coopération et de solidarité grâce à la conception de jardins, terrasses et potagers communs.
En fonction des souhaits des habitants, les équipements collectifs peuvent d’ailleurs être plus ou moins nombreux. À Montpellier, par exemple, dans le projet Mas Cobado, sorti de terre en 2016, les logements disposent de chambres d’amis qui sont des espaces communs que l’on privatise au gré des visites. Quant aux quelque quatre-vingts résidents des deux immeubles Brutopia, érigés en 2013 à Bruxelles, ils profitent non seulement d’un jardin et d’un potager communs, mais aussi de voitures à partager, d’une buanderie et d’une salle polyvalente.
Des montages juridiques spécifiques
L’habitat participatif implique l’ensemble des cohabitants dans les prises de décisions liées à la gestion de la résidence ou de l’immeuble. Un peu comme une copropriété, à ceci près qu’il n’y a pas de syndic. Mais leur engagement va beaucoup plus loin, puisqu’ils doivent construire leur projet à travers une entité juridique spécifique définie par la loi.
Les futurs occupants peuvent ainsi former une « coopérative d’habitants », dont ils détiennent des parts sociales. Ils sont alors propriétaires collectivement de la coopérative mais sont individuellement locataires. Autre option, ils peuvent constituer une « société d’autopromotion ». Cette fois, les associés sont propriétaires de façon individuelle de leur habitation et peuvent gérer l’immeuble sur le même modèle qu’une copropriété classique. Malgré des différences, la philosophie demeure la même : créer un espace d’habitation répondant à des objectifs communs déterminés en amont du projet, tant en matière environnementale, sociale qu’économique.