CRISEPlan d'aide français à l'automobile: Sarkozy s'expliquera auprès de Bruxelles

Plan d'aide français à l'automobile: Sarkozy s'expliquera auprès de Bruxelles

CRISEAlors que la polémique enfle, le chef de l'Etat se défend de tout protectionnisme et ironise...
Le président français Nicolas Sarkozy a donné mardi à Bagdad son feu vert aux entreprises françaises pour qu'elles investissent en Irak, lors d'une visite suprise, la première d'un chef de l'Etat français dans ce pays.
Le président français Nicolas Sarkozy a donné mardi à Bagdad son feu vert aux entreprises françaises pour qu'elles investissent en Irak, lors d'une visite suprise, la première d'un chef de l'Etat français dans ce pays. - Khalid Mohammed AFP
Avec agence

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Il renvoie Bruxelles dans les cordes. Lors d’un déplacement au Koweït ce mercredi, Nicolas Sarkozy a assuré que le plan de soutien (de 7,8 milliards d'euros) pour le secteur automobile en France, qui impose en contrepartie aux constructeurs de ne pas délocaliser, n'était «en rien protectionniste», contrairement à ce qu’affirment la Commission européenne et plusieurs pays européens qui jugent que cette condition pourrait être «illégale» au regard des règles régissant le marché unique européen.


Le chef de l’Etat a tenu à rappeler qu’«un million de voitures (françaises) ont été construites ailleurs qu'en France en trois ans». Et d’ajouter : «Je n'ai pas entendu beaucoup de personnes qui nous en félicitaient lorsque ça ‘partait’ chez eux».

Il fournira des explications à la Commission


«Ce plan automobile sert bien à nos voisins européens parce que si on n'avait pas engagé ce qu'on a engagé au service de PSA et de Renault, c'est leurs implantations partout en Europe (notamment en République tchèque et en Slovénie où une partie de la production a été délocalisée, ndlr) qui s'en trouveraient menacées", a renchéri le président français.


«Si d'autres pays européens veulent participer au financement des plans pour sauver des constructeurs français qui travaillent en Europe, naturellement, nous les accepterons bien volontiers», a-t-il ajouté, un brin ironique.


«S'agissant des demandes d'explications de la commission (européenne), ce n'est pas la première fois que je les lui fournirai sans aucun problème», a-t-il également affirmé.


«Rien de scandaleux»


Mercredi matin, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, avait estimé que, malgré les «préoccupations» affichées ici ou là, le plan français n'avait «rien de scandaleux». «Il n'y a rien qui soit incohérent avec les mesures de la Commission», avait-il affirmé sur Radio Classique.


Karl-Theodor zu Guttenberg, le nouveau ministre allemand de l'Economie, avait lui jugé mardi, quelques heures après sa prise de fonction officielle, que ce plan n'était «pas exempt de critique». En réponse à ces inquiétudes, Bercy a fait savoir mercredi que Christine Lagarde rencontrerait son homologue allemand pour le rassurer sur le contenu du plan de soutien français.


La Commission conciliante?


Après avoir obtenu de Bruxelles que les déficits budgétaires publics puissent dépasser la limite européenne de 3% du PIB, pour faire face à la crise, le gouvernement français espère désormais que la Commission, obligée de faire des concessions dans le contexte économique actuel, se montrera conciliante vis-à-vis de ce nouveau plan d’aide, en contradiction avec le Traité de fonctionnement de l’UE.


Paris sait que Bruxelles se réserve le droit de valider ce type d’aides si elles visent à «remédier à une perturbation grave de l'économie d'un Etat membre». Une fenêtre dans laquelle rentreront peut-être les deux prêts accordés aux constructeurs français.