Coronavirus en Bretagne : Une saison touristique plus noire encore que celle de l’Erika
TOURISME•Les pertes de retombées économiques sont évaluées à 1,5 voire 1,8 milliard d’eurosCamille Allain
Nous avons « fêté » l’anniversaire de son naufrage il y a un peu plus d’un an. Le 12 décembre, l’Erika venait mourir au large des côtes françaises et vomissait son épais fioul lourd sur le sud Bretagne. Survenue il y a vingt et un ans, cette marée noire avait eu des conséquences désastreuses sur la fréquentation touristique bretonne en 2000. Depuis cette date, la région avait vu sa fréquentation stagner autour des 100 millions de nuitées. Un constat valable dans « le monde d’avant » qui a naturellement été balayé par la crise sanitaire. Quatrième région touristique française, la Bretagne a vu le nombre de nuitées chuter à 78 millions en 2020, son pire total depuis la naissance de l’observatoire du tourisme il y a vingt ans.
Derrière cette chute de plus de 20 % de la fréquentation régionale se cachent d’importantes disparités. Si la période estivale a été plus bonne pour la Bretagne, relativement épargnée par l’épidémie et perçue comme une destination sécurisante, le reste de l’année a été bien plus compliqué. « Il a fallu attendre le début du mois de juillet pour constater une réelle reprise de la fréquentation touristique, même si celle-ci est restée inférieure à celle habituellement constatée à cette période de l’année (-6 % par rapport à 2019) », précise le comité régional du tourisme.
« Une situation inédite au cours des vingt dernières années »
Le problème de la saison 2020, c’est qu’elle aura été anormalement courte et que la fréquentation a ralenti dès la mi-août. Les vacances de la Toussaint « ont permis d’amortir la situation en octobre » mais les annonces de confinement et de couvre-feu ont achevé le secteur, d’autant que la crise a touché tous les territoires. « Une situation inédite au cours des vingt dernières années, même après des événements majeurs comme l’Erika », relève le Comité régional du tourisme. Si les Bretons ont été très nombreux à « rester au pays », les visiteurs extérieurs ont cruellement manqué à l’appel. Notamment la clientèle britannique, habituée à franchir la Manche mais qui n’a pas pu en profiter cet été.
Les hôtels ont vu leur fréquentation plonger de près de 40 %, tout comme les campings, et même les locations de type AirBnb ont été touchées. Conséquence ? Les pertes de retombées économiques pour la filière comprise oscillent entre 1,5 milliard et 1,8 milliard d’euros, selon les premières estimations. Un chiffre très lourd qui vient s’ajouter aux incertitudes d’un secteur en pleine tourmente. Seul point de satisfaction : la fréquentation des voies vertes et itinéraires cyclables, qui ne cesse de progresser. Sans doute un axe à développer.