Comment la legaltech offre de nouvelles perspectives aux juristes
METIERS•Le droit n’a pas échappé à l’avènement des nouvelles technologiesJulie Polizzi pour 20 Minutes
L’essor des nouvelles technologies bouleverse depuis des années de nombreux secteurs d’activité. Et après un premier mouvement de rejet, le domaine du droit a lui aussi embrassé ce marché, la « legaltech ».
Face aux besoins d’experts et au potentiel de développement à venir, le monde de la formation s’organise pour préparer les juristes de demain.
Un marché en plein essor
Les premiers services juridiques en ligne ont été lancés en France en 2014 par différentes start-up. Tout d’abord controversées, ces initiatives ont petit à petit démontré leur légitimité en mettant en place un cadre strict et sécurisant. Une charte éthique commune avec les professions réglementées a même vu le jour en 2016.
On dénombre aujourd’hui de nombreuses sociétés qui mettent les technologies numériques au service du droit. Chacune intervient dans un domaine particulier : l’automatisation des documents juridiques, la mise en relation d’avocats, le financement d’actions juridiques, la médiation, des prestations de saisine des juridictions, l’édition et la documentation juridique ou encore la prédiction de décisions de justice (analyse de la jurisprudence). D’après le baromètre des legaltechs édité par Wolters Kluwer et Maddyness, les start-up du droit ont levé près de 100 millions d’euros entre 2016 et 2019, dont plus de 52 millions d’euros rien que pour cette année-là. De quoi montrer une forte croissance du secteur.
Les professions réglementées ont d’ailleurs également pris le train en marche afin de proposer des « juristes augmentés ». De plus en plus de cabinets et d’études développent leurs propres solutions dématérialisées (actes d’huissier, divorce par consentement mutuel, contestation d’amende, rédaction de contrats d’entreprise…).
Des modules spécialisés
Face à cette révolution de la pratique, la formation représente un enjeu crucial pour préparer les juristes de demain à utiliser ces technologies. Plus encore, de nouveaux métiers hybrides se créent sur le terrain, tels que des juristes codeurs, des juristes data ou encore des juristes privacy.
Dès lors que vous entendez exercer une profession juridique, un cursus dans une faculté de droit reste incontournable, a fortiori si vous visez les concours des métiers réglementés (avocat, huissier, notaire…). Ceci dit, si travailler dans la legaltech vous tente, il serait avantageux de compléter votre formation par des modules adaptés. Et si tout est encore à faire en la matière, de plus en plus de programmes spécialisés se mettent sur pied.
Certaines facultés proposent des diplômes universitaires (D.U) dédiés aux interactions entre numérique et juridique, à la transformation digitale du droit, à la justice prédictive ou encore à l’entrepreneuriat dans la legaltech. D’autres universités ont mis en place des licences professionnelles dédiées au para-legaltech pour former les secrétaires juridiques et assistants à l’utilisation des outils numériques. Plusieurs écoles d’avocats proposent encore des programmes dédiés à l’innovation numérique. Enfin, certaines legaltechs ont elles aussi lancé leurs formations pour répondre à leurs besoins de recrutement, à l’image de la Legaltech Lawyer Academy.