Saint-Nazaire : Etat, région, repreneur privé… Qui prendra la barre des Chantiers de l’Atlantique ?
ECONOMIE•Le projet de rachat par l'italien Ficantieri est abandonné. L'Etat français reste actionnaire majoritaire, mais pour combien de temps?Frédéric Brenon
L'essentiel
- La vente des chantiers navals de Saint-Nazaire à son concurrent Fincantieri est officiellement annulée.
- L'Etat français va rester provisoirement actionnaire principal des Chantiers.
- Ces derniers emploient 3.300 salariés et bénéficient d'un carnet de commandes très rempli.
L’annonce est tombée mercredi soir : le projet de rachat des Chantiers de l’Atlantique par leur concurrent italien Fincantieri est définitivement abandonné. En discussion depuis trois ans, ces fiançailles auront été victimes de la crise économique et du scepticisme d’un grand nombre d’observateurs, au premier rang duquel figurent les élus de Loire-Atlantique. Ces derniers craignaient en effet des transferts de compétences vers l’Italie ou la Chine (avec qui Fincantieri a noué des partenariats) et, in fine, des conséquences fâcheuses sur l’emploi à Saint-Nazaire.
Il faut dire que les chantiers navals emploient aujourd’hui 3.300 salariés et font appel à 4.000 sous-traitants sur le site. Leur carnet de commandes est, du reste, extrêmement bien rempli : huit paquebots, trois sous-stations électriques et quatre navires militaires, sans compter le futur porte-avions français promis à Saint-Nazaire.
Des « marques d’intérêt » existent
Quel avenir désormais pour ce « fleuron industriel français » ? Pour l’heure, l’Etat « reste l’actionnaire principal des Chantiers de l’Atlantique et soutiendra l’entreprise aussi longtemps que la crise durera », a précisé mercredi soir le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Le gouvernement a toutefois répété que la France n’avait pas vocation à rester définitivement à la barre de l’entreprise nazairienne [l’Etat en détient 84,3 %]. Un repreneur est donc recherché.
Des « marques d’intérêt » existent, assure-t-on au ministère de l’Economie, lequel souhaite manœuvrer sans précipitation : « Attendons que la poussière retombe et voyons quelles marques d’intérêt sont confirmées ». « Il ne faut pas se précipiter mais ne pas trop traîner non plus, réagit David Samzun, maire PS de Saint-Nazaire. On a besoin de reprendre de nouvelles commandes ». L’édile, partisan, comme d’autres élus, d’un investisseur portant un « projet industriel et non financier », affirmait récemment avoir rencontré un candidat français au rachat « amoureux du site ». Il s'agirait de l'homme d'affaires Jean-Claude Bourrelier, fondateur de Bricorama, selon Les Echos.
La région invitée à entrer au capital
En attendant, le président du département de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet (PS) soutient la création d’un « pool territorial, pour que l’État, les actionnaires et les territoires construisent ensemble une solution solide pour l’avenir de nos chantiers et ceux qui y travaillent ». « Le département y prendra sa part », promet-il.
Les élus écologistes de la région Pays-de-la-Loire appellent, eux, le conseil régional à entrer directement au capital des chantiers (à hauteur de 16 %) afin « d’accompagner la transition écologique de l’entreprise », et d'« envoyer un signal fort à de nouveaux investisseurs ». Il en coûterait 20 millions d’euros à la collectivité. « Les Chantiers de l’Atlantique sont d’une importance stratégique pour la région des Pays-de-la-Loire. Quand les chantiers se portent bien, c’est tout Saint-Nazaire qui se porte bien », justifient les écologistes.
Quant à la CGT, syndicat majoritaire du Chantiers de l’Atlantique, elle prévient déjà les futurs candidats. « Le syndicat s’est opposé à de nombreuses reprises à la vente au groupe capitaliste italien Fincantieri mais certainement pas en se berçant d’illusions sur un actionnaire français, public ou privé, qui se soucierait plus des salariés du site. Aujourd’hui, comme hier, la CGT navale est contre tout actionnaire ou repreneur qui ne s’engage pas sur les salaires, les embauches et les conditions de travail. »