REPORTAGE« Les clientes sont en folie », branle-bas de combat chez les coiffeurs

Confinement à Marseille : « Les clientes sont en folie », branle-bas de combat chez les coiffeurs avant l'ouverture

REPORTAGEAprès un mois de fermeture, Luc Mengual, patron de trois salons de coiffure à Marseille, a réuni ses équipes au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron pour préparer la réouverture
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Emmanuel Macron a autorisé la réouverture dès ce samedi des commerces, dont les salons de coiffure.
  • Patron de trois salons à Marseille, Luc Mengual a réuni en urgence ses équipes ce mercredi.
  • 20 Minutes a pu se glisser dans cette réunion aux allures de conseil de guerre.

La petite salle au-dessus du salon de coiffure, jonchée de cartons encore pleins, a des airs de conseil de guerre. Au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron, autorisant la réouverture de ses trois salons de coiffure Jean-Louis David dans le centre-ville de Marseille​, Luc Mengual a convoqué dès mercredi matin ses équipes, pour leur communiquer son plan d’attaque pour les semaines à venir. Assis autour d’une table, Donatien, Chloé et Nia, les managers, sont sur les starting-blocks.

« Avec ce confinement du mois de novembre, on a perdu, en perte sèche, 25.000 hors taxes, si je déduis les aides de l’Etat de 30.000 euros, confie Luc Mengual. A cela, il faut ajouter les 140.000 euros de perte du premier confinement. » Le tout après une année 2018 qui a déjà été compliquée pour le chef d’entreprise. « Avec les gilets jaunes, j’ai perdu 100.000 euros, et j’ai dû emprunter », soupire-t-il.

« Ici, oui, c’est la méga folie »

« Jean-Louis David Marseille, Luc, à votre service, j’écoute ? Ah ! Madame Martin ! Comment ça va ? Ici, oui, c’est la méga folie ! » La réunion peine à débuter. Et pour cause : les téléphones des uns et des autres n’arrêtent pas de sonner pour des demandes de rendez-vous. Chloé descend dans le salon en contrebas pour s’isoler après un énième appel. Elle ne remontera que plusieurs minutes après. « Je n’arrivais pas à m’arrêter, s’amuse-t-elle. J’en ai fait quatre coup sur coup. Les clientes sont en folie ! » A tel point que Vanessa, la femme de Luc Mengual, habituellement dédiée à la comptabilité, est appelée en renfort au standard. « Si on ne répond pas, les clientes vont aller dans d’autres salons », rappelle Donatien.

Derrière Luc Mengual, pas moins de trois écrans sur lesquels s’affiche le planning des réservations en ligne qui se remplit en temps réel. « Mais mon Dieu, pour samedi, ça n’arrête pas », s’écrie Donatien. Les créneaux horaires deviennent en effet de plus en plus rares. « J’ai deux clientes qui m’ont appelé ce matin à 7 heures ! A ce rythme-là, samedi, on est plein, c’est sûr ! On va avoir la tête dans l’eau, mais on va s’organiser pour ne pas se noyer ! »

« Comment on fait pour Annabelle ? »

« Comment on fait pour Annabelle ? Elle passe jeudi au salon du Prado ? » Entre deux portes, Vanessa interroge son mari avant d’appeler la femme de ménage. « Il faut qu’elle passe après la mise en place, parce que sinon, on va de nouveau tout salir ! » « Et qu’est-ce qu’on fait pour le Black Friday ? », s’alarme Nia. « Oui, effectivement, il faut qu’on aborde ce point. » Sur l’ordre du jour affiché sur son écran géant, Luc Mengual rallonge la liste déjà bien fournie.

Le protocole sanitaire est étonnamment vite évoqué. Et pour cause : « On avait déjà beaucoup renforcé notre protocole sanitaire lors du premier confinement, bien au-delà de ce qui était demandé, confie Luc Mengual. Donc, pour nous, finalement, ça ne change pas grand-chose. Si ce n’est que les gens ne vont plus attendre sur place. S’ils sont en avance, on leur demandera de faire un tour. » Et d’annoncer à ses équipes : « Les enfants, dans le protocole, c’est 8m² par cliente, mais on est en train d’avoir la validation qui dit qu’une mère avec son petit, ça fait une cliente. Sinon, on ne s’en sort pas ! »

En revanche, le chef d’entreprise a renoncé à ouvrir le dimanche. « Il faut qu’on se repose ! On ne va pas pouvoir faire des semaines de six jours ! » Luc Mengual ne manque toutefois pas d’idées pour combler le déficit. Le chef d’entreprise évoque devant ses collaborateurs son projet de développer un nouveau service de coiffure à domicile. « L’idée est née pendant le premier confinement, explique-t-il. Plein de coiffeurs se sont mis à ça à ce moment-là…. Et on sait que Jean-Louis David a perdu 10 % de sa clientèle comme ça : des clientes qui ont testé pendant le confinement et qui ont gardé ensuite leurs coiffeurs à domicile. Donc ça peut être une piste… »