Bridgestone : Des salariés saisissent la justice pour repousser la fermeture du site de Béthune
ECONOMIE•Un collectif de salariés, indépendant de l’intersyndicale, a saisi ce jeudi le tribunal judiciaire de Lille en référéF.L. avec AFP
L'essentiel
- Une semaine après l’annonce de la fermeture définitive de l’usine de Béthune, un collectif de salariés a saisi la justice ce jeudi.
- Ils tentent de freiner la fermeture prévue du site, arguant d’une rupture brutale des relations commerciales avec le groupe,
Ils ne lâchent rien. Une semaine après l’annonce de la fermeture définitive de leur usine en mai 2021, des salariés de Bridgestone Béthune ont saisi jeudi le tribunal judiciaire de Lille en référé. Ils tentent ainsi de freiner la fermeture prévue du site, arguant d’une rupture brutale des relations commerciales avec le groupe, a annoncé leur avocat.
« La première assignation a été remise ce matin à Bridgestone France », a indiqué Me Fiodor Rilov, qui représente le collectif des « Affranchis de Bridgestone », regroupant selon son président une « petite quarantaine » de salariés, en rupture avec l’intersyndicale.
Un collectif en rupture avec l’intersyndicale
La fermeture du site de Béthune, « aura pour conséquence la rupture du contrat de vente de pneus à Bridgestone Belgique, son seul client », une opération « soumise à des règles », le code de commerce prévoyant « un délai de préavis » qui peut aller jusqu’à 18 mois dans le cadre de relations commerciales anciennes, a expliqué Me Rilov.
Nous demandons au juge « d’ordonner la poursuite des relations commerciales, et donc de la production pendant dix-huit mois », ce qui permettra « aux salariés de garder leur emploi et leurs rémunérations » pendant ce délai, et « pourrait amener Bridgestone à revoir ses projets », a affirmé l’avocat lors d’un point de presse. L’audience a été fixée le 15 décembre mais pourrait être renvoyée au vu des délais de transmission au groupe japonais.
Instaurer un rapport de force avec la direction
Une deuxième procédure est en préparation visant cette fois à saisir le tribunal de commerce pour lui demander, considérant que la fermeture du site de Béthune met en danger l’existence de Bridgestone France, « de désigner un administrateur provisoire pour sauver l’entreprise contre les décisions de sa direction », a ajouté Me Rilov.
« Nous verrons ce que nous obtiendrons », a commenté le président des « Affranchis » et ex-délégué CGT David D’Hornes, plaidant pour un « rapport de force » avec la direction alors que « l’objectif de l’intersyndicale est de continuer les négociations et de rester calme ». Le géant japonais du pneumatique a confirmé jeudi dernier son projet de fermeture courant 2021 de son usine dans le Pas-de-Calais, qui emploie 863 personnes.
L’intersyndicale avait pour sa part accusé mardi la direction de « mauvaise foi » et de « manque de transparence » sur « les différents scénarii envisagés concernant la fermeture du site ».