FINANCESLe gouvernement contraint de revoir de nouveau son budget 2020

Confinement : Le gouvernement contraint de revoir de nouveau son budget 2020

FINANCESC’est le quatrième budget corrigé présenté par le gouvernement pour parer à la crise
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le reconfinement perturbe les finances du gouvernement. Un nouveau projet de budget rectifié pour 2020 doit être présenté ce mercredi en Conseil des ministres, afin de débloquer 20 milliards d’euros supplémentaires pour soutenir l’économie.

C’est un exercice qui sert habituellement à ajuster à la marge les crédits alloués aux ministères afin de coller au plus près des dépenses et des recettes déjà constatées durant l’année. Mais face au reconfinement décidé pour tenter de circonscrire une deuxième vague épidémique, ce budget rectifié de fin d’année prend une tout autre mesure.

Objectif : limiter les faillites

Le gouvernement va ainsi entériner une nouvelle dégradation des prévisions économiques et débloquer 20 milliards d’euros de dépenses supplémentaires pour soutenir l’économie. Le produit intérieur brut (PIB) devrait ainsi finalement se contracter de 11 % cette année, contre 10 % anticipés dans la précédente prévision de septembre.

Une récession d’une ampleur inédite due aux deux confinements, dont le dernier est décidé à ce stade pour un mois, et qui va faire replonger l’activité après le rebond du troisième trimestre. Même s’il est moins strict que le premier, de nombreux commerces, déjà fragilisés par la crise, se retrouvent contraints de fermer, malgré leurs protestations.

Pour éteindre leur colère et limiter les faillites, le gouvernement met donc 20 milliards d’euros supplémentaires sur la table, après près de 470 milliards débloqués depuis mars (dont plus de 300 milliards de garanties publiques). La dépense publique atteindra ainsi le niveau record de 64,3 % du PIB cette année.

L’aide aux entreprises gonflée

« On fait face autant que nécessaire, on fera face durant toute la durée de circulation du virus, parce que rien ne serait pire que de perdre nos entreprises, nos salariés et nos qualifications », a assuré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire mercredi matin sur Radio Classique.

Principale mesure : le fonds de solidarité dédié aux petites entreprises est gonflé de 10,9 milliards en plus des 9 milliards déjà prévus. Son accès a été élargi et les montants alloués augmentés. Le dispositif d’activité partielle est, lui, doté de 3,2 milliards d’euros supplémentaires, après 31 milliards déjà budgétés et plus de 22 milliards dépensés.

Le gouvernement prévoit aussi 3 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales, et 1,9 milliard d’euros de nouvelles dépenses de santé dans le cadre de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam). Enfin, accusé de ne pas en faire assez pour soutenir les plus modestes, le gouvernement va verser des primes exceptionnelles aux bénéficiaires du RSA, des chômeurs en fin de droits et aux moins de 25 ans, qui coûteront 1,1 milliard d’euros.

Une dette qui explose

Ces dépenses couvrent plus d’un mois de confinement – dont le coût a été évalué à 15 milliards d’euros par Bruno Le Maire – laissant penser que le gouvernement anticipe une prolongation du confinement. Il n’en est rien, répond-on à Bercy, où on justifie cette enveloppe par une « sortie progressive des dispositifs » de soutien après le déconfinement et non un arrêt brutal.

Conséquence : le déficit public devrait finalement se creuser à 11,3% du PIB et la dette s'envoler à 119,8% en 2020. Avec ces hypothèses, Bercy défend un quasi-retour au scénario envisagé en juillet, lorsque le gouvernement ne s’attendait pourtant pas à une deuxième vague de l’épidémie, mettant en avant la vigueur du rebond de l’économique au troisième trimestre.

Un signe « de confiance et d’espoir dans la capacité de notre économie à rebondir une fois que l’épidémie sera derrière nous et à redresser les finances publiques grâce au retour de la croissance », veut-on croire à Bercy. Mais si le gouvernement ne pense plus atteindre en 2021 les 8 % de croissance prévus jusqu’ici, il se refuse à ce stade à dévoiler toute nouvelle prévision.