Coronavirus : Pourquoi la course aux jouets a-t-elle commencé plus tôt dans les magasins ?
NOËL•Dès septembre, certains Français ont démarré leurs achats de cadeaux. Du jamais vu...Romarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Selon un sondage réalisé par l’enseigne JouéClub auprès de ses clients, les Français ont déjà commencé leurs courses de Noël cette année. Les ventes de jouets ont progressé de 20 % dans les magasins du groupe en septembre par rapport à 2019.
- Attachés à Noël, les Français devraient ne pas sacrifier leurs emplettes pour cette fête.
- Les lecteurs de « 20 Minutes » confirment avoir anticipé leurs achats par peur d’un nouveau confinement, de ruptures de stock, mais aussi pour étaler les dépenses et soulager leur budget, touché par la crise.
«Les catalogues de Noël sont déjà sortis », « tous les ans, ils les envoient un peu plus tôt », « bientôt on va faire Noël en juillet »… Voilà les remarques qu’on peut entendre chaque année à partir du mois d’octobre. Mais cette année, la situation sanitaire incertaine pousse certains à se lancer plus tôt dans leurs achats. Phénomène grandissant ces dernières années, les courses précoces devraient être la règle en 2020.
Pas de changements dans le calendrier des magasins
Premier point à éclaircir : les jouets de Noël n’arrivent pas plus tôt cette année. Franck Mathais, porte-parole de JouéClub est catégorique : « Tous les ans, les commandes sont passées entre mars et juillet pour des livraisons autour de début septembre. Cette année ne fait pas exception. » Contactés par 20 Minutes, les enseignes de la grande distribution donnent la même réponse : Pas de changement de planning cette année. Pour un représentant de La Grande Récré, c’est presque impossible : « Les salons commencent vers novembre. Les présentations s’étalent ensuite sur le premier semestre. On ne peut pas anticiper ce qui sera proposé. » Le marché du jouet est un marché « de renouvellement », près de 40 % des produits proposés sont nouveaux chaque année et les modes ne peuvent se prévoir longtemps à l’avance, ce qui rend très complexe l’anticipation. Ce que constatent les professionnels du jouet en revanche, c’est que la ruée vers les jouets de Noël a commencé très tôt cette année.
Noël pour rattraper l’année 2020
Face à la situation extraordinaire liée au Coronavirus, le groupe JouéClub a réalisé un sondage auprès de 1.385 clients. Et les chiffres sont parlants : Les Français ont déjà commencé leurs courses de Noël. « Les ventes de jouets ont augmenté de 20 % en septembre par rapport à 2019. On a aussi une progression à deux chiffres en octobre (12 %). C’est du jamais vu », commente Franck Mathais. Pour cet expert du secteur, cette anticipation n’est pas une surprise : « Noël est la fête préférée des Français. Catholiques ou non, ils sont une immense majorité à la célébrer et elle doit être réussie. »
Cette année encore plus. Pâques passé à la trappe par le confinement, des vacances d’été en demi-teinte à cause des conditions sanitaires et Halloween qui devrait subir l’effet couvre-feu… Il ne reste que Noël pour se remonter le moral. Et celui à venir pourrait être exceptionnel en cadeaux selon un porte-parole de La Grande Récré : « Les Français vont se “venger” de cette année 2020 en mettant le paquet sur Noël. Comme les réunions à plus de 6 seront compliquées, il devrait y avoir une compensation sur les cadeaux, surtout pour les enfants. » Si les Français commencent fort leurs courses de Noël, cela ne signifie pas pour autant que le rythme va s’écrouler en décembre. Selon le sondage JouéClub, les ventes du mois de novembre devraient être supérieures de 16 % à celle de 2019, et 32 % des clients prévoient de revenir plusieurs fois en magasin.
La peur d’un nouveau confinement
Mais alors pourquoi faire ses emplettes si tôt cette année ? Pour les lecteurs de 20 Minutes, les réponses sont multiples et la plupart sont liées au Covid-19. Argument le plus souvent cité : un potentiel nouveau confinement. « J’ai déjà acheté les gros cadeaux. Je veux être sûre que le Noël des enfants ne sera pas gâché si on est encore confinés. » Comme Chrystelle, ils sont nombreux à évoquer la peur d’être empêchés d’offrir les jouets qu’ils souhaitent aux enfants si les mesures sanitaires se durcissaient. Pour Claude, cette incertitude pèse aussi et le pousse à acheter plus que d’habitude : « Déjà qu’on ne va, sans doute, pas pouvoir se retrouver en famille. Les enfants aiment trop Noël, alors on s’est assuré qu’ils seront heureux avec les jouets qu’on leur a commandés. » Sabrina aussi a pris les devants. Fans d’Halloween, ses enfants ne pourront pas partir à la chasse aux bonbons cette année. Alors rien ne les fera louper Noël : « En plus on ne pourra sans doute pas voir la famille étant donné les circonstances, donc priorité aux cadeaux cette année. »
Et pour être sûrs que les enfants trouvent sous le sapin les jouets qu’ils ont inscrits sur leur liste, les parents doivent s’activer de bonne heure. Année après année, les exemples de jouet particulièrement populaires qui se retrouvent en rupture de stock à la mi-décembre se multiplient. Un risque que Martine imagine plus grand avec le coronavirus : « Comme pendant le confinement, tout le monde va se jeter sur les produits, donc il ne fallait pas tarder. J’ai déjà acheté ce qu’il faut. » Une crainte que Franck Mathais, porte-parole de JouéClub justifie par le modèle du marché du jouet : « Les commandes étant passées des mois à l’avance, certaines sont mal estimées. Avec l’augmentation des achats cette année, ça ne devrait pas louper dans certains magasins. »
Et si Internet continue de prendre des parts toujours plus importantes dans le commerce, les experts assurent que le jouet reste un secteur pour lequel le passage en magasin est toujours important. Les lecteurs de 20 Minutes le confirment. Surtout à l’heure du Covid-19 comme l’explique Pascale : « Je veux éviter la foule dans les magasins. Il y a trop de risques. » Fabien aussi a déjà réalisé la quasi-totalité de ses achats de jouets pour cette raison : « J’évite déjà les transports en commun. Ce n’est pas pour aller prendre un bain de postillons dans les magasins. Avec en plus le risque de le ramener chez moi pour les fêtes. »
S’y prendre à l’avance pour étaler les dépenses
La crise économique qui découle de la situation sanitaire, n’épargne pas Noël. Et s’y prendre à l’avance peut permettre à ceux dont les finances sont serrées, d’y faire face d’une certaine manière. Marie a commencé ses courses de Noël en septembre pour pouvoir étaler ses dépenses : « Pour ne pas devoir diminuer mon budget cadeaux, j’ai commencé plutôt pour acheter un petit peu chaque mois jusqu’à décembre. » Pour Julie aussi, les courses anticipées sont un moyen de faire plaisir à sa petite fille de 8 ans : « J’ai acheté son cadeau sur Internet avec un paiement en 4 fois sans frais. »
Pour éviter de dépasser leurs budgets, beaucoup de clients font leurs courses de Noël durant les promotions qui arrivent quelque temps avant. Si Laura et Roland attendront le Black Friday fin novembre, Hélène a déjà fini ses cadeaux de Noël durant les French Days qui ont eu lieu au printemps : « Je suis tranquille pour cette année. De toute façon, Covid ou pas, je suis à l’affût de ces offres tous les ans, donc pour moi, Noël ça commence des mois avant. »