Huawei va-t-il implanter son usine 5G près de Strasbourg ?
TELEPHONIE•Les communes d’Illkirch-Graffenstaden et de Brumath (Bas-Rhin) luttent pour accueillir, à terme, 500 emploisThibaut Gagnepain
L'essentiel
- Le géant chinois de la téléphonie, Huawei, a pour projet d’implanter une de ses usines en France, en Alsace.
- Où précisément ? La lutte finale se jouerait entre Brumath et Illkirch-Graffenstaden, dans le Bas-Rhin.
- Les représentants de Huawei étaient en visite ce lundi en Alsace, où ils ont rencontré notamment Pia Imbs, la présidente de l’Eurométropole pas franchement favorable à la 5G il y a encore quelques semaines.
Un investissement de 200 millions d’euros pour une usine de 60.000 m² et la création, à terme, de 500 emplois… Depuis le printemps dernier, Huawei, a lancé des prospections afin de s’établir dans l’Est de la France. Le géant chinois cherche à y produire des composants pour ses produits 2, 3, 4 et surtout 5G.
Où va-t-il finalement atterrir ? Cette question était au cœur de la visite de plusieurs de ses représentants, ce lundi en Alsace. « Ils nous ont confirmé qu’ils seraient ravis de s’implanter ici car ils souhaitent rayonner sur tout le marché européen », révèle Pia Imbs. La présidente de l’eurométropole a jugé cette réunion « positive ». « Nous allons continuer à échanger et nous avons déjà posé un certain nombre de questions, notamment en matière d’emploi et d’environnement. Il y a encore beaucoup d’étapes. »
« On a le site le plus idéal », selon le maire d’Illkirch
La production des premières pièces pourrait démarrer, au mieux, en 2023. Pas dans la commune d’Erstein, désormais écartée, mais dans des trois sites désormais identifiés. L’un mène à la plateforme départementale d’activités de Brumath, à une vingtaine de kilomètres au nord de Strasbourg. Les deux autres renvoient à Illkirch-Graffenstaden, qui propose deux emplacements : une place au sein de son parc d’innovation, une autre en remplacement de l’ancienne usine Puma.
« On a le site le plus idéal car nous formons les ingénieurs juste à côté [Télécom Physique Strasbourg] et il est parfaitement desservi. En plus, avec Alcatel qui va venir au parc d’innovation, nous pourrions créer un pôle technologique autour des télécoms et du numérique », lance le maire illkirchois Thibaud Philipps, qui a toujours manifesté sa volonté d’accueillir Huawei. Ce qui n’était jusqu’alors pas forcément le cas de… Pia Imbs ou de la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian.
La majorité écologiste finalement séduite par la 5G ?
Les deux avaient ainsi signé une tribune dans le Journal du Dimanche mi-septembre, où avec une soixantaine d’élus écologistes et de gauche, ils demandaient un moratoire sur le déploiement de la 5G. Une posture incompatible avec la venue d’une usine sur le territoire ? « Cette éventuelle implantation pose un certain nombre de questions, d’autant plus que nous allons engager dans les prochaines semaines un débat démocratique sur la 5G. Sur ses usages, ses conséquences, ses atouts aussi. Il faudra qu’on puisse échanger à ce sujet », avait répondu l’édile de la capitale alsacienne.
C’est visiblement Pia Imbs qui s’est chargée de mener l’interrogatoire ce lundi. « Nous avons reçu des réponses positives, Huawei est une entreprise qui reste durablement, n’est pas cotée en Bourse et réinvestit beaucoup. Elle n’est pas appelée à être seulement de passage », a-t-elle expliqué, en écartant aussi toutes les questions qui escortent ces derniers temps Huawei. Notamment en termes de souveraineté nationale. « C’est à l’Etat de s’exprimer de manière claire sur les questions de cybersécurité. »
La présidente de l’Eurométropole serait-elle maintenant prête à ouvrir grand la porte à Huawei ? « Nous avons prévu de nous revoir », a encore dit la maire d’Holtzheim. Cette nouvelle entrevue ne devrait pas trop tarder à en croire Thibaud Philipps : « Ils veulent signer avant la fin de l’année un certain nombre de documents. ». Huawei n’est plus très loin de l’Alsace.