Le tribunal de Paris ordonne « la suspension » du rachat de Suez par Veolia

Rachat de Suez par Veolia : Le tribunal de Paris ordonne « la suspension de l’opération » en référé

JUSTICECette procédure d’urgence gèle l’opération tant que les comités sociaux et économiques (CSE) de Suez et Suez Eau France n’auront pas été « informés et consultés » sur les décisions
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le tribunal judiciaire de Paris a ordonné vendredi en référé la « suspension de l’opération » d’acquisition par le géant de l’eau et des déchets Veolia des actions de son concurrent Suez détenues par l’énergéticien Engie et de l’OPA à venir de Veolia sur Suez. Engie a annoncé faire appel.

Cette suspension a été décidée tant que les comités sociaux et économiques (CSE) de Suez et Suez Eau France, à l’origine de la procédure, n’auront pas été « informés et consultés » sur les décisions déjà prises, selon l’ordonnance de référé consultée par l’AFP.

Une procédure « plus longue » à venir

Veolia a acquis lundi auprès d’Engie un bloc de 29,9 % d’actions de Suez. Les titres lui ont été transférés dès mardi et Engie a reçu le même jour les 3,4 milliards d’euros de la transaction. Interrogé par l’AFP sur la décision de justice, Engie a déclaré dans la foulée son intention de faire appel. « Engie va faire appel de la décision », a indiqué un porte-parole du géant de l’énergie, qui ajoute que pour lui, cette ordonnance de référé « n’aura pas d’impact sur la transaction ».

« A priori, cela ne remet pas en cause la transaction mais induit une procédure plus longue », a commenté auprès de l’AFP l’analyste Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Franck Reinhold von Essen, secrétaire (CGT) du comité d’entreprise européen de Suez, s’est déclaré auprès de l’AFP « soulagé qu’on puisse avoir la possibilité d’accéder au dossier et d’être informés et consultés si l’OPA hostile devait arriver à terme. Il faut que nous ayons une information détaillée, fondée économiquement et à visée sociale pour permettre à la représentation salariale d’avoir un avis éclairé et motivé. C’est un processus dont on ne peut pas se passer. C’est ce qu’a reconnu le tribunal, c’est un délit d’entrave. »

Chute en Bourse

« Le tribunal remet en place MM. Clamadieu [Jean-Pierre Clamadieu, président d’Engie] et Frérot [Antoine Frérot, PDG de Veolia] et leur montre qu’ils ne sont pas au-dessus de la justice et du Code du travail », estime le syndicaliste. Les instances représentatives des salariés de Suez avaient assigné en référé Engie et Veolia pour n’avoir « pas été informées et consultées régulièrement sur ce projet ».

Les syndicats de Suez reprochent aux deux géants d’avoir fomenté l’opération bien avant l’annonce officielle de l’offre de Veolia fin août. A la Bourse de Paris, les titres des trois entreprises liées par l’opération ont brusquement chuté après l’annonce de la décision de justice, avant de reprendre un peu de forces quelques minutes plus tard. Vers 17h15, Veolia perdait 0,77 % à 18,78 euros, Suez 0,94 % à 15,85 euros, et Engie reculait de 0,04 % à 12,13 euros, dans un marché où l’indice CAC 40 prenait 0,60 %.